Laurent Fabius « opposé au boycott d’Israël » se dissocie des propos du PDG d’Orange

 Laurent Fabius « opposé au boycott d’Israël » se dissocie des propos du PDG d’Orange

Les propos du PDG du 3e opérateur européen ont provoqué une tension diplomatique entre Paris et Tel-Aviv.


« S’il appartient au président du groupe Orange de définir la stratégie commerciale de son entreprise, la France est fermement opposée au boycott d’Israël », a réagi le ministre français des Affaires étrangères après l'annonce d'un désengagement de ce pays par l'opérateur de téléphonie français Orange, vivement critiqué par les autorités israéliennes.


 


« Nous aimons Israël »


Le premier ministre israélien avait publiquement appelé le gouvernement français à se désolidariser des propos du groupe dont il est actionnaire. Devant le tollé, Stéphane Richard a assuré vendredi que sa décision de retirer sa marque de ce pays était « purement commerciale » et « n'avait absolument rien à voir avec un quelconque débat politique ». « Ceci n'a rien à voir avec Israël, nous aimons Israël », a-t-il insisté.


Il s’agit selon lui de mettre fin à une situation exceptionnelle pour le groupe. En effet, aucun opérateur étranger ne bénéficie d’un accord permettant d’utiliser la marque du groupe français sans que celui-ci n’ait de prise sur son action. Une situation héritée du rachat par France Telecom de la marque britannique Orange au début des années 2000.


Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, avait déclaré mercredi au Caire qu'il était prêt à « abandonner demain matin » ses liens avec l'opérateur israélien Partner, qui utilise le nom et l'image d'Orange en Israël contre une redevance. « Cela va prendre du temps [mais] nous allons certainement le faire », a-t-il ajouté.


 


Possibles conséquences juridiques de l’activité dans les colonies illégales


Même s'ils n'en faisaient pas état, les propos de M. Richard ont été interprétés comme la volonté d'Orange — détenu à 25 % par l'État français — de se dissocier des activités de son partenaire dans les colonies en Cisjordanie et Jérusalem-Est, occupées par Israël depuis 1967. L’annonce a fait écho à l’intensification de la campagne mondiale non gouvernementale de boycottage (BDS) qui inquiète sérieusement les autorités israéliennes qui l’ont déclarée « menace stratégique » au même titre que le Hamas et le programme nucléaire iranien.


En juin 2014, Paris avait, à l'instar de l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne, publié une mise en garde relative aux activités économiques dans les colonies. « Il existe des risques liés aux activités économiques et financières dans les colonies israéliennes », indique cet avertissement figurant sur le site internet du ministère français des Affaires étrangères, en évoquant de possibles conséquences « juridiques et économiques ».


Dans un rapport intitulé « Les liaisons dangereuses d’Orange et de son actionnaire l’État français dans les colonies israéliennes » rendu public début mai, plusieurs organisations, dont la FIDH, le CCFD et la CGT, pointaient les activités du groupe dans les territoires occupés illégalement au regard du droit international. Dans un communiqué conjoint diffusé jeudi, ce collectif a salué « l’annonce faite par Stéphane Richard, PDG du groupe Orange mercredi 3 juin de sa volonté de rompre le contrat qui lie Orange à l’entreprise israélienne Partner, active dans les colonies dans le Territoire palestinien occupé. »


Rached Cherif

Rached Cherif