Législatives : 39 candidats Franco-Maghrébins qualifiés pour le second tour

 Législatives : 39 candidats Franco-Maghrébins qualifiés pour le second tour

Leila Chaibi


39. Ils sont 39 Franco-Maghrébins à s'être qualifiés pour le second tour des élections législatives qui aura lieu ce dimanche 18 juin. Du jamais vu. Lors de la dernière législature, ils n'étaient que deux députés à siéger à l'assemblée nationale, les socialistes Razzye Hamadi et Malek Boutih. Parmi ces 39, une majorité de femmes. A part les deux anciennes ministres socialistes Myriam El Khomri et Najat Vallaud Belkacem (les deux ne devraient pas, sauf surprise, l'emporter), tous les autres candidats sont de parfaits inconnus.


Plus d'une vingtaine d'entre eux, tous estampillés "La République en Marche" (LREM), sont en ballottage favorable et devraient donc faire leur entrée au Parlement. Il y a aussi Farida Amrani de la France Insoumise dans l'Essonne  (91) qui a également ses chances de l'emporter face à l'ancien Premier ministre Manuel Valls, même si le duel est serré.  



"On n'avait jamais vu ça. Nous allons enfin avoir une Assemblée à l'image de la France, plus représentative du peuple. Avec plus de femmes mais aussi plus de députés issus de la diversité", s'emballe Djamila Haddad, candidate LREM dans l'Aube, arrivée en tête au premier tour.


Avec 30% des voix, elle devance de six points l'autre finaliste LR mais ses chances de victoire restent néanmoins minces : le FN a totalisé 21% et leur report des voix devrait avantager le candidat de la droite.


Djamila Haddad, entrée en politique au parti socialiste il y a une dizaine d'années, a tout de suite été séduite par Emmanuel Macron. "J'ai aimé sa fraîcheur, son opiniâtreté, la manière dont il voulait tout chambouler". 


"Personnellement, avant de rejoindre La République en Marche, j'avais déjà le soutien du PS et j'aurais pu me présenter sous leur étiquette, mais je reste un cas isolé. Les partis traditionnels, le PS ou Les Républicains ont toujours eu du mal à faire de la place aux candidats issus des minorités. La plupart des députés s'accrochant coûte que coûte à leur mandat", explique cette ancienne vice-présidente du conseil régional de l’ex Champagne-Ardenne, prenant  pour exemple le cas d'Élisabeth Guigou, l'ex garde des Sceaux socialiste, 71 ans et qui se présentait pour un quatrième mandat de députée en Seine-St-Denis (93). Elle a été éliminée dès le premier tour.


"Élisabeth Guigou ne se rend même  pas compte que les électeurs veulent voir de nouvelles têtes. Elle aurait dû laisser l'investiture à quelqu'un d'autre, par exemple à une personne plus à l'image de ce département", lâche-t-elle. 


Pour la candidate LREM, le mouvement d'Emmanuel Macron a eu le mérite de "donner une chance à tout le monde"


C'est le cas d'Isia Khalfi, 29 ans, novice en politique qui se présente dans la première circonscription des Hauts-de-Seine (92). Elle a rejoint En marche dès sa création le 6 avril 2016. "Le discours d'Emmanuel Macron m'a énormément parlé. Il veut faire de la politique autrement et dépasser les clivages droite-gauche loin des dogmes habituels", nous confie cette avocate de 29 ans. 


Pour obtenir l'investiture LREM, Isia Khalfi, "qui a longtemps hésité à se lancer dans la bataille des Législatives", a envoyé sa candidature, accompagnée d'une lettre de motivation. Quelques semaines plus tard, elle était déjà convoquée pour un entretien.


"J'ai exposé ma vision des choses en précisant qu'étant originaire de l'endroit où je me présentais, je connaissais parfaitement les problématiques de cette circonscription". 

Née à Colombes en 1988, Isia Khalfi est effectivement un pur produit du terroir.


Après des études aux États-Unis, elle est revenue vivre dans sa ville d'origine. Avec 29,5% des voix au premier tour, elle est en bonne position pour battre la conseillère départementale communiste Elsa Faucillon (16,69%), même si elle doit faire face en ce moment à "l'affaire Alain Brevet", du nom de son suppléant.


Mis en examen dans une affaire d’agressions sexuelles, Isia Khalfi l'a exclu de sa campagne ce jeudi. Elle jure qu'elle n'était pas au courant et promet qu'Alain Brevet "ne siégera jamais à ses côtés à l'Assemblée".


Autre profil. Leila Chaibi, 35 ans, candidate pour la France Insoumise dans la 10ème circonscription de Paris. Elle est une militante aguerrie. Leila Chaibi a cofondé Génération Précaire et Jeudi Noir. Après un court passage au NPA d'Olivier Besancenot, elle se retrouve au Parti de gauche qu'elle finit par quitter, mais reste néanmoins proche de Jean-Luc Mélenchon.


Elle s'est qualifiée pour le second tour des législatives (14,6%) mais il lui faudrait un miracle pour qu'elle l'emporte face à Anne-Christine LANG (LREM). Le  score de cette dernière, 42,4% au premier tour, est sans appel.


Interrogée sur le nouveau visage que risque d'avoir l'Assemblée nationale, Leila Chaibi annonce pour commencer qu'elle est "bien entendu satisfaite que le parlement risque de ressembler davantage à notre pays". "Ça fait d'autant plus plaisir de voir tous ces dinosaures politiques du vieux monde renvoyés aux oubliettes de l'histoire", raille-t-elle. Ce qui ne l'empêche pas d'être inquiète.


"Parmi tous ces nouveaux députés de la "diversité", il y a très peu d'ouvriers ou de personnes issues de la classe moyenne", regrette-elle. "J'aurais préféré une diversité sociale. La plupart sont des CSP+ ", dénonce la candidate de la France insoumise.


Effectivement, même si la "société civile" est présente en nombre chez les candidats d'En Marche, les cadres et professions intellectuelles y sont surreprésentés.


"Une fois élus, vont-ils entrer dans le moule et voter pour le programme de Macron ? Vont-ils accepter la suppression de 120 000 fonctionnaires? Vont-ils voter pour la démolition du code du travai l? ", interroge Leila Chaibi.


"J'ai bien peur que tous ces nouveaux députés ne soient qu'une belle vitrine. Voilà pourquoi il faut voter au second tour pour les candidats de gauche", conclut la candidate de la France Insoumise.


Nadir Dendoune

Nadir Dendoune