Les frappes américaines en Syrie s’invitent dans la campagne électorale

 Les frappes américaines en Syrie s’invitent dans la campagne électorale

De tous les candidats à la présidentielle


La Syrie s'est invitée vendredi dans la campagne présidentielle après les frappes américaines, avec des réactions allant d'un soutien de Benoît Hamon et d'Emmanuel Macron, dans la ligne de François Hollande, aux critiques de Marine Le Pen et de l’équipe de Jean-Luc Mélenchon, en passant par la prudence de François Fillon, qui a opéré un revirement tout aussi spectaculaire que celui du président américain.


 


Extrême gauche et extrême droite unies dans la critique


Mercredi, après la frappe chimique imputée au régime de Damas, François Hollande ne s'était pas privé de critiquer les « responsables politiques, y compris en France » qui « se révèlent des partisans du régime de Bachar al-Assad ». Dans le viseur, principalement : Marine Le Pen. La candidate du Front national, qui avait salué l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, s’est dite « étonnée » de la décision du président américain qui fait à nouveau de son pays « le gendarme du monde ». « Pour moi, le moins pire, c'est Bachar al-Assad », expliquait-elle au journal libanais L'Orient-Le Jour lors d'une visite au Liban en février.


Leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n'avait pas encore réagi vendredi à la mi-journée. Mais l'un de ses lieutenants, Éric Coquerel, « condamne avec gravité l'intervention militaire des États-Unis ». « La décision unilatérale de Trump est irresponsable » et « la caution de la France » est « une faute supplémentaire dans le quinquennat de François Hollande ». M. Mélenchon avait condamné dans la semaine l'utilisation d'armes chimiques, jugeant que « qui que ce soit qui ait commis le crime, il (devait) être châtié ». Pour M. Coquerel, l'emploi d'armes chimiques « nécessite une réaction internationale », mais « rien ne peut se faire hors enquête et résolution de l’ONU sous peine d'aggraver encore les périls dans cette partie du monde ».


 


Fillon veut « éliminer Bachar al Assad »


Bachar al-Assad est « directement responsable de la riposte décidée par les États-Unis », a de son côté jugé Benoît Hamon, reprenant quasiment les termes de la déclaration franco-allemande. Le candidat du PS s'en était pris jeudi à Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, accusés d'être « inféodés à (Vladimir) Poutine », défenseur du régime de Damas.


Depuis la Corse, Emmanuel Macron « prend note » des frappes américaines et a renouvelé son souhait d'une « action coordonnée sur le plan international en représailles au régime » de Damas, « dans le mandat de l'ONU ». « Nous avons un ennemi : Daech et l'ensemble des mouvements jihadistes. Le peuple syrien a un ennemi : Bachar Al-Assad », a-t-il ajouté.


Critique de la diplomatie française depuis 2012 et partisan d'un « dialogue » plus approfondi avec Moscou, François Fillon a dit « comprendre » la riposte américaine, mais prévient que celle-ci ne devait « pas conduire à une confrontation directe des forces occidentales avec celles de la Russie et de l'Iran ». Pendant longtemps, le candidat de droite a critiqué la position française d’opposition à Damas, disant même qu’il fallait « aider le régime et non pas le combattre ». Mais, depuis cette semaine, il souhaite « trouver une formule pour éliminer Bachar al Assad ».


Jeudi, il avait dit souhaiter que le Conseil de sécurité de l'ONU « sanctionne » Assad et réitéré sa volonté de « parler avec les Russes, les Iraniens et les Turcs » pour « essayer d'éliminer » le président syrien et « organiser la transition ».


Rached Cherif

Rached Cherif