Les « non-blancs » surreprésentés dans des rôles de criminels à la télé s’alarme le CSA

 Les « non-blancs » surreprésentés dans des rôles de criminels à la télé s’alarme le CSA

La surreprésentation des personnes vues comme « non blanches » dans les activités illégales et marginales contribue à « rendre la société haineuse »


Les personnes « perçues comme non blanches » ont été un peu plus nombreuses à la télévision l'an dernier, mais elles sont encore surreprésentées dans les activités marginales ou illégales, regrette le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans son rapport annuel. Ainsi, les « attitudes négatives » sont incarnées à 25 % par des personnes « perçues comme non blanches » (contre 20 % en 2015) et les « attitudes positives » le sont à 23 % (contre 14 % en 2015).


 


« Déni de citoyenneté »


Dans son baromètre de la diversité, publié depuis 2009, le CSA note que la représentation des personnes « perçues comme non blanches » a légèrement augmenté en deux ans (16 % en 2016 versus 14 % en 2014), pour retrouver un niveau équivalent à celui de 2013, grâce aux programmes de sport et aux fictions. À l'inverse, ces personnes sont moins représentées dans les programmes d'information (11 % en 2016), qui « devraient refléter justement la diversité de la société française », relève le CSA. Le gendarme de l’audiovisuel relève par ailleurs que les fictions américaines et européennes accordent à ces personnes une place « significativement plus importante » que les fictions françaises.


Le Conseil relève en outre que les personnes « perçues comme non blanches » sont surreprésentées dans les activités marginales ou illégales, à hauteur de 34 %. Pour Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité, cette distorsion est « un déni de citoyenneté ». « Notre système audiovisuel n'est pas à la hauteur. Si on voit l'autre majoritairement dans des circonstances où il nous fait peur, où il représente un danger, alors nous contribuons, par l'audiovisuel, à rendre cette société haineuse. La télévision a un rôle majeur dans la constitution des opinions de notre pays », a-t-elle déclaré.


 


Distorsions multiples à la télé


Par ailleurs, la télévision fait la part belle aux catégories socioprofessionnelles les plus aisées (CSP+), qui constituent 76 % des personnes représentées à l'écran alors que seulement 27 % des Français appartiennent à ces catégories.


Les moins de 20 ans et les plus de 65 ans sont encore très peu présents à l'antenne : 9 % des personnes représentées ont moins de 20 ans et 4 % ont plus de 65 ans alors que ces catégories constituent respectivement 25 % et 19 % de la population française, note le CSA.


Les personnes perçues comme handicapées sont quasi inexistantes du petit écran, en particulier dans les fictions où elles ne représentent que 0,8 % des personnages, soit une proportion 4 à 5 fois inférieure à leur vraie place dans la population française.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif