Les Tables du Ramadan, symbole de la générosité musulmane

 Les Tables du Ramadan, symbole de la générosité musulmane


Depuis le 26 mai, les « Tables du Ramadan » font le plein. Le Secours islamique de France distribue 800 à 1000 plats de nourriture aux plus pauvres (SDF, réfugiés, migrants) : l’occasion pour certains de manger leur seul repas de la journée. Une initiative rendue possible grâce à l’altruisme de plusieurs bénévoles musulmans. Reportage.


A l’intérieur de la grande tente, située le long du Boulevard Anatole à Saint-Denis, plusieurs bénévoles s’activent. Vêtus d’un t-shirt bleu et d’un tablier blanc, certains dressent les tables, d’autres préparent les salades.


Riz parfumé, macaronis, soupe Harira et viande d’agneau sont au menu. Il est 19h30 et tout doit être prêt pour le premier service de 20h, réservé aux non-jeûneurs. « On ne va pas faire attendre certains sous prétexte qu’il n’est pas l’heure de rompre le jeûne. Heureusement, les tables du Ramadan sont aussi ouvertes aux non musulmans. », souligne Jihane, longiligne salariée du Secours islamique, au milieu des bénévoles.


Telle une armée, ces derniers se succèdent plusieurs fois dans la journée. « Ils viennent dès 10 heures du matin », confirme Antoine, responsable des missions sociales de l’organisation dans l’Essonne. « Ils sont 60 à se relayer chaque jour. » Cet afflux n’est pas un handicap, au contraire. « Il y a une bonne ambiance et nous sommes tous heureux d’être là », lance Nada, pharmacienne et bénévole depuis 3 ans. « Plus on est nombreux mieux c'est, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire. Les anciens intègrent bien les nouveaux, on forme une famille. », ajoute-t-elle, visage radieux. « C’est un peu comme un hôpital ici. On partage des valeurs d’humanité, de charité et de solidarité. »


Nabil est pour sa part enseignant à Neuilly sur Marne. Se mettre au service des plus démunis enrichit sa compréhension de la souffrance. « Ces pauvres gens restent affamés plusieurs fois dans l’année par manque de moyens. Nous, nous ne le faisons que pendant un mois, et on se plaint ! », constate ce néo-trentenaire. « En agissant comme nous le faisons, on comprend vraiment ce que ça fait d’être dans le besoin. »


22h00 : c’est l’heure du deuxième repas. Les premiers bénéficiaires partis, les deuxièmes commencent à s’amasser devant l’entrée. Ils s’impatientent. Deux bénévoles sont donc chargés de gérer le flux et l’installation des invités. Ils peuvent en installer jusqu’à dix par table lorsque des places se libèrent. 


« C’est la deuxième fois que je viens », souligne Albert « Je viens rarement parce que j’ai honte. Mais les bénévoles sont chaleureux et nous accueillent très bien. », conclut ce jeune SDF à la peau couleur ébène. 


23h00, c’est la fin du service. Tous les ventres soulagés, les dernières assiettes débarrassées, la salle nettoyée, c’est au tour des bénévoles de manger. Tous installés autour de la même table et heureux d’avoir mené à bien leur mission, ils se racontent de façon hilare les accrocs auxquels ils ont fait face pendant la soirée.


23h45, le repas des bénévoles prend fin. Ils sortent boire un dernier thé dehors, avant de se séparer dans une atmosphère très joviale et attendrissante.


Alexis IBOHN DOOH

Alexis IBOHN DOOH