« Nous (aussi) sommes la Nation », un livre pour lutter contre l’islamophobie

 « Nous (aussi) sommes la Nation », un livre pour lutter contre l’islamophobie

« Nous (aussi) sommes la Nation – Pourquoi il faut lutter contre l’islamophobie » de Marwan Muhammad


Répondre aux critiques et au passage réaffirmer qui l’on est. Voilà ce vers quoi tend l’ouvrage de Marwan Muhammad « Nous (aussi) sommes la Nation – Pourquoi il faut lutter contre l’islamophobie », paru aux éditions La Découverte. Un « acte de résistance » signé par l’actuel directeur du CCIF.

 


Avant de dire ce que ce livre est, Marwan Muhammad précise, dans le prologue, tout ce qu’il n’est pas. « Pas un appel à la violence, ni une prière pour la paix. Pas un roman, pas un essai ». Souvent assigné à se justifier au gré du quotidien voire de l’actualité, au nom d’une « identité collective fantasmée », et parce qu’« allumer la télévision est devenu un examen de conscience collectif », dès les premières pages, l’auteur donne le ton : « je suis musulman et je ne m’en excuse pas. (…) le dire est presque devenu un acte militant. Le vivre a désormais quelque chose de transgressif ». Marwan Muhammad l’affirme : ce livre est, par la force des choses, « un acte de résistance ».

 


La réussite comme une froide vengeance



La première partie de cet ouvrage retrace l’histoire du statisticien, devenu président du Collectif Contre l’Islamophobie en France. L’occasion, avant tout, de « reprendre possession de mon je ». « Je suis un musulman ordinaire. Je ne représente personne » est le laïus de Marwan Muhammad. Sa mère, algérienne, son père, égyptien, ont élevé leur fils dans le 18e arrondissement de Paris, « un enfant de la capitale », rapidement confronté au racisme, ce qui développe chez lui « une rage » « depuis, domestiquée et éduquée ».


Ces incidents, il apprend à « les gérer presque machinalement, comme une simple contrainte qu’il me fallait intégrer ». Puis, « j’ai mangé la réussite comme une froide vengeance », écrit-il. Son père veut qu’il fasse médecine. Il échoue avant de s’orienter vers le monde de la finance, en faisant un « crochet » par le hip-hop : « j’ai vraiment cru à la promesse sociale et politique que portait le rap », écrit-il.



Moment décisif



La finance, Marwan Muhammad en sortira, « libéré », en 2006. Puis tout s’accélère en 2010 lorsqu’il accompagne, au Kazakhstan, Samy Debah, le président du CCIF à l’époque, lors d’une conférence sur le thème des discriminations. C’est avec ce « moment décisif » qu’il devient le porte-parole du collectif. Et l’ouvrage amorce ainsi sa seconde partie consacrée à la lutte contre l’islamophobie.



Musulmans normaux



Le CCIF est une association apolitique et areligieuse qui compte aujourd’hui 13 000 adhérents et 14 salariés. Cette structure créée en 2003, « ne devrait pas exister », concède l’auteur. Or, son travail prend tout son sens lorsque l’on constate, ce que Marwan Muhammad appelle, « l’autodéclaration d’incompétence de certaines organisations antiracistes traditionnelles » face à l’islamophobie.L’auteur démonte ensuite les critiques régulièrement formulées à l’encontre du CCIF ou même simplement du terme d’islamophobie, une « invention française », rappelle au passage Marwan Muhammad. Parmi la déconstruction de récits auxquels il procède, il y en a un qui résume peut-être le mieux l’idée centrale défendue dans ce livre : « Le contre-discours à opposer à la phrase « les musulmans sont dangereux » n’est pas « les musulmans sont gentils » mais : « les musulmans sont normaux ». 


Chloé Juhel


« Nous (aussi) sommes la Nation – Pourquoi il faut lutter contre l’islamophobie » de Marwan Muhammad, paru aux éditions La Découverte

Chloé Juhel