Procès Saboundjian-Bentounsi – Les collègues du policier accusé de la mort d’Amine Bentounsi pris en flagrant délit de mensonge

 Procès Saboundjian-Bentounsi – Les collègues du policier accusé de la mort d’Amine Bentounsi pris en flagrant délit de mensonge

Maitre Konitz


 


Au deuxième jour du procès à la Cour d'Assises de Bobigny (93), chargée de juger Damien Saboundjian, les mensonges des collègues du prévenu se sont succédés.


 


Le gardien de la paix est accusé de la mort d’Amine Bentounsi, un jeune homme de 28 ans, recherché pour n'être pas revenu de permission, et décédé le 22 avril 2012 à l'hôpital quelques heures plus tard après avoir reçu une balle en bas du dos. Damien Saboundjian est poursuivi pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner».


Dans ce procès qui a lieu toute la semaine (du 11 au 15 janvier), il s’agit de déterminer si le policier a agi en légitime défense.


Le matin de l’audience, les experts (balistiques et médico-légal) ont témoigné devant la barre. Des témoignages un peu « inutiles » puisqu’ils n’ont pas permis de déterminer la position exacte dans laquelle se trouvait Amine Bentounsi au moment du drame. Etait-il de dos, de face, aux trois quarts ? Les experts n’ont pas été en mesure de trancher.


L’après-midi a été plus intéressante pour la recherche de la vérité.


Ludovic Thomas, un flic arrivé après la tuerie témoigne sur l’honneur. Ce qui ne l’empêche pas de mentir. « Damien m’a dit "Il m’a braqué et je l’ai tué" », affirme ce dernier.


Le procureur s’interroge. « Dans vos déclarations, vous n’avez jamais évoqué le fait que Damien Saboundjian ait dit qu’il avait été braqué par Amine Bentounsi ». « Oui, c'est vrai», avoue Ludovic Thomas. « Il m’en a peut-être parlé après », ajoute-il. « Mais pas juste après les faits, non ? », reprend le procureur. « Non », admet M.Thomas. « Donc, on s’en tient à votre version initiale ? ». « Oui », répond timidement Ludovic Thomas.


Vanessa Pories, amie du prévenu, fonctionnire de police au moment des faits, était présente au moment du drame.  « Vous connaissez l’accusé ? », demande le président. « Non », dit elle. Le président est surpris. Tout le monde se rend compte qu'elle confond en fait avec Amine Bentounsi… En fait, elle ne voit pas son ami Damien Saboundjian comme un « accusé ».


Vanessa Pories a quitté la police depuis, parce qu'elle n'a pas supporté « que la police des polices les traitent comme des moins que rien », parce qu'ils avaient osé les interroger sur cette affaire. Elle trouve d’aiileurs « choquant qu'un tel procès ait pu avoir lieu ». Encore une fois, comme pour Ludovic Thomas, l'ex fonctionnaire de police se mélange un peu les pinceaux par rapport au déroulement des faits. A l’époque, elle dit avoir entendu « 2 à 3 coups de feu ». Cet après-midi, à la barre, elle affirme avoir entendu « quatre coups  de feu », corroborant ainsi la version de son ami Damien Saboundjian …


Mais le « meilleur » est à venir, avec le témoignage édifiant de Ghislain Boursier, pris en flagrant délit de mensonge. « Vous êtes conscient que vous préférez aider votre collègue que la justice ? », prévient d’emblée Maitre Konitz, l’avocat de la partie civile, très agacé de voir que le troisième témoin rechigne à admettre qu’il ment.


Lors de ses premières déclarations, ce dernier a affirmé en apportant des détails : « Il (Amine Bentounsi) ne fuyait pas. Il était bien campé sur ses positions. Il était de ¾ ». Pourtant, après son passage à l’IGPN, il reviendra sur ses propos. Au final, il n’aura rien vu de la scène. « Pourquoi avoir menti alors ?», interroge Maitre Konitz. « Est-ce par corporatisme que vous avez menti à deux reprises ? », continue l’avocat. « Non, pas du tout », répond M.Boursier. « Alors pourquoi ? », veut savoir Maitre Konitz. Pas de réponse de sa part, mais le fonctionnaire de police avoue avoir tout de même menti, sans préciser pourquoi.


Placé sur écoute par l’IGPN, M. Charles Accary, chef de bord, appelle M. Boursier.  Leur conversation donne le tournis. « Il devait pas gicler de l’IGS ? », interroge M. Accary. Ce dernier n’est pas content de l’enquêteur de l’IGPS, qui, pour lui, « a mal fait son boulot ». Il promet alors de faire appel à un responsable syndical pour se débarrasser de lui. Ce dernier assumera devant la barre ses propos….


Toujours lors des écoutes : « L’IGPN veut savoir la position de Bentounsi pendant les tirs », dit M. Boursier à son supérieur « On s’en fout de la position de Bentounsi », lui répond M. Accary. Maitre Konitz reprend la parole : « Pourtant la position de l’individu est importante pour savoir s’il y a légitime défense », pointe l’avocat. « Pas forcément », lui répond M. Accary. « A part M. Saboundjian, y a t-il un policier qui a vu la position d’Amine Bentounsi au moment des tirs ?», demande Maitre Konitz. 


« Aucune idée », dit M. Accary. « Vous êtes sous serment », rappelle l’avocat. « Damien a riposté en état de légitime de défense. Point », conclut le policier.


Nadir Dendoune


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Nadir Dendoune