Stains (93). Des affiches pour dénoncer des supposés délinquants placardées dans des immeubles

 Stains (93). Des affiches pour dénoncer des supposés délinquants placardées dans des immeubles

Photo des affiches placardées dans des immeubles à Stains pour dénoncer des supposés délinquants. Crédit photo : Nadir Dendoune


 


Le 3 juillet dernier, alors qu’elle rentre chez elle, Karima, habitante d’une petite résidence sur l’avenue Louis Bordes à Stains (93), croit rêver en pénétrant dans son hall. «  Il y avait plusieurs affiches placardées sur le mur », raconte cette mère de famille, toujours aussi dépitée. Les affiches en question, qui ont été enlevées depuis, avaient pour titre : « Voici les jeunes hommes qui cassent et volent vos voitures ». 


 


Elles montraient les visages de deux jeunes supposés délinquants, âgés d’une quinzaine d’années. « Et la présomption d'innocence, on la met où? », interroge Karima. «Et quand bien même, ce serait eux les coupables, il existe d'autres options. On ne doit pas se faire justice soi-même », continue la jeune femme. L’autre option effectivement, c’est d’appeler la police. Au commissariat de Stains, personne ne semble être au courant des faits, maisla commandante, Réjane Bidault, jointe par téléphone, promet de « mener l’enquête ».


Quelques jours après les faits, Karima ne décolère pas. Certes, les affiches ont toutes été enlevées, mais « elles pourraient être mises de nouveau », rappelle-t-elle. « C’est quoi cette société où les gens se permettent de dénoncer leurs voisins ? C’est grave. Très grave. Il s’agit en plus ici d’enfants. Imaginez si quelqu’un tombait sur ces affiches ? Il pourrait aller chercher son flingue. Pour moi c'est tout simplement un appel au lynchage », dit-elle un brin énervée. 


Pas étonnée du tout par ces « sales méthodes », Karima se souvient d’avoir reçu une lettre de son bailleur, il y a quelques années, lui demandant de raisonner son enfant. « Quelqu’un faisait courir des rumeurs sur mon fils sur de « prétendues bêtises » qu’il faisait dans l’immeuble. Il n’y avait aucune preuve et pourtant on nous avait accusés. N’oublions pas qu’en 1940, en France, c’était une pratique courante », conclut Karima.


 


Nadir Dendoune

Nadir Dendoune