Gouvernement : Jean Castex ou le « changement dans la continuité »

 Gouvernement : Jean Castex ou le « changement dans la continuité »

Le premier ministre français, Jean Castex

Nommé le 3 juillet 2020 par le président Emmanuel Macron, le nouveau Premier Ministre, Jean Castex dévoile son gouvernement. Des surprises avec l’arrivée d’Eric Dupont-Moretti à la justice et le maintien de certains ministres (Blanquer, Lemaire, Darmanin, Véran). Les plus polémiques sont écartés (N’diaye, Pénicaud et Belloubet)

Un petit week-end entrecoupé par une visite à une usine ! Il n’aura pas fallu grand temps pour que Jean Castex, le nouveau premier ministre dévoile son gouvernement. Les fidèles et ceux qui ont pris de l’épaisseur avec le coronavirus sont récompensés. Des « surprises » notamment à la justice, vivement critiquée ces derniers temps et des entrées sous forme d’outsiders mais avec une bonne présence médiatique. Emmanuel Macron choisit, à l’instar de Raymond Barre, « le changement dans la continuité » pour inscrire son « nouveau chemin ».

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La récompense des fidèles et des « bosseurs »

En bon chef de la start-up nation, maintien ou promotion des fidèles de la première heure. Même si sa gestion des rapatriements de Français à l’étranger n’a pas été une franche réussite, Jean-Yves Le Drian conserve les Affaires Etrangères. L’ancien président de la région Bretagne est un poids lourd du gouvernement d’autant que les dossiers internationaux à gérer ne manquent pas avec les élections américaines et la nécessité d’une solidarité mondiale face à la crise.

Il en va de même avec Bruno Lemaire (à l’économie), Florence Parly (aux Armèes) et Olivier Véran (à la santé) qui ont « fait le job », grâce aux aides distribuées et à une arrivée juste pendant la crise pour le second. Jean-Michel Blanquer conserve l’éducation et se voit promouvoir la jeunesse et les sports.

Autre promotion, celle de cadres qui montent, Gérard Darmanin, Elisabeth Borne et Julien Denormandie. Le ministre du logement (plutôt centre gauche) va à l’agriculture alors que l’ancien sarkozyste, ministre des comptes publics se voit attribuer la Place Beauvau. Un ministère où il va, entre autres, devoir faire face à la gronde des policiers et au questionnement sur les violences policières. Enfin la ministre de l’environnement et des transports du gouvernement Philippe se retrouve à la tête du travail, de l’emploi et de l’insertion.

D’autres fidèles qui n’ont pas fait de vagues (Gourault, Vidal, De Montchalin, Fesneau, Djebbari, Maracineanu) conservent leurs postes. Une évolution pour Marlène Schiappa qui défendait « la cause du quinquennat », celle de l’égalité homme-femme, et se retrouve avec la question de la citoyenneté dorénavant à gérer.

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Des « affiches médiatiques » en tête de gondole

Le remplacement de Nicole Belloubet était attendu. Le choix du président se porte sur Eric Dupont Moretti. Le ponte du droit pénal français, baptisé Acquittator, va avoir fort à faire au ministère de la Justice. La tâche va être ardue pour ce fervent défenseur des libertés plus habitué à fustiger le parquet qu’à le défendre.

Autres dossiers délicats ceux de l’environnement et de la culture. Pour éviter toute vague, le choix de Roselyne Bachelot, amie du show biz depuis ses prestations télévisées et son statut d’ancienne ministre de la santé, aura le mérite de rassurer et d’entretenir un discours cohérent médiatiquement parlant. Franck Riester qui n’aura pas marqué ce ministère par sa présence, se retrouve propulser aux affaires européennes, un moyen pour le président de remercier le parti Agir qui le soutient.

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Une pro à l’environnement

Après la vague verte des élections municipales, le président nomme aussi une ancienne écolo à la transition écologique : Barbara Pompilli. Celle qui était avec François de Rugis, les co-paroles d’EELV à l’Assemblée Nationale, était l’une des prises vertes de LREM. Le président nomme en seconde position dans l’ordre protocolaire, la députée de la Somme pour montrer le poids qu’aura la transition écologique. A l’aise devant les médias, elle pourra répondre facilement aux questions et faire avancer les dossiers.

Autre arrivée féminine, Nadia Hai. La députée des Yvelines, qui a réussi à « prendre » le siège de Benoit Hamon à l’Assemblée Nationale, aura fort à faire avec son poste de ministre déléguée à la ville. Encore un chantier qui appelle à de grands efforts !

Le gouvernement penche dorénavant à droite avec l’arrivée de Sébastien Lecornu à l’outre-mer. La présence à des postes clés de plusieurs ministres issus du clan LR le montre bien. Avec sa nouvelle équipe, le président souhaite surtout éviter les « couacs » de communication.

En effet, la concurrence va faire rage. Le terrain centriste peut prétendre à l’arrivée du « gaulliste social » Xavier Bertrand ou de l’écolo Yannick Jadot.

 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.