Grande-Synthe : Des personnes exilées au tribunal pour changer les choses

 Grande-Synthe : Des personnes exilées au tribunal pour changer les choses

Evacuation d’un camp de migrants à Grande-Synthe, dans le nord de la France. FRANÇOIS LO PRESTI / AFP

Hier (10 mai), des personnes exilées, expulsées de leurs lieux de vie informels à Grande-Synthe, étaient entendues au tribunal. Une audience qui pourrait changer la donne.

Une audience qui pourrait avoir un impact sur la politique d’accueil des personnes exilées en France. Deux expulsions de grande ampleur avaient eu lieu les 13 et 26 octobre 2021, de lieux de vie informels à Grande-Synthe. Abris de fortune détruits, affaires personnelles (papiers d’identité, médicaments…) jetées sans possibilité de les récupérer.

Comme toujours, aucun habitant n’avait été préalablement informé de ces expulsions. Mais cette fois-ci, certaines des personnes expulsées, avec le soutien de Human Rights Observers et d’Utopia 56, avaient saisi début décembre 2021 le Tribunal judiciaire de Dunkerque. Une première qui pourrait marquer un tournant.

Fin de l’invisibilisation ?

« Constamment invisibilisées et privées de leurs droits et de leur voix, les personnes exilées n’ont pas reçu notification du procès-verbal d’expulsion, comme le veut la loi, rendant difficile tout recours devant un juge », selon les organisations de soutien aux personnes migrantes. Et c’est exactement ce qu’ont attaqué les personnes exilées devant le tribunal, à savoir la légalité de ces expulsions.

Une audience qui suscite l’espoir d’empêcher, ou a minima de mieux encadrer, à l’avenir ces expulsions, non seulement constantes et intempestives, mais qui, en outre, laissent la grande majorité des personnes expulsées sans aucune proposition de relogement, ni même d’hébergement. Le délibéré est prévu pour le 12 juillet.

Calaisis, champion de l’expulsion

En 2021, 1 287 expulsions de terrain ont été menées dans le Calaisis et le Dunkerquois. La trêve hivernale a, à peine, freiné le rythme. En avril, l’Observatoire inter-associatif des expulsions collectives de lieux de vie informels (Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde…) révélait que 424 expulsions des lieux de vie informels ont été recensées depuis le 1er novembre dernier, début de la trêve hivernale. Celui-ci pointe plus particulièrement la région de Calaisis. Pendant la trêve hivernale, elle concentrerait, selon les chiffres de l’Observatoire, 80 % des expulsions recensées.

 

Charly Célinain