Proche-Orient. Il y a 73 ans, la Palestine était partagée par l’ONU

 Proche-Orient. Il y a 73 ans, la Palestine était partagée par l’ONU

Une photo datée du 14 mai 1948 montre le Premier ministre israélien David Ben Gourion entouré de membres de son gouvernement provisoire lisant la déclaration d’indépendance d’Israël, à Tel Aviv. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies vota la résolution 181 sur la division de la Palestine en deux États, un juif et un arabe. L’État d’Israël a été proclamé le 14 mai 1948 par le Conseil national juif et reconnu par les États-Unis et l’Union soviétique les 15 et 17 mai 1948. GPO / AFP

Il y a 73 ans, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait le plan de partage de la Palestine en deux Etats, juif et arabe, permettant la réalisation du projet sioniste, mais a constitué pour les Palestiniens le début d’une longue période tragique de leur histoire.

 

Ce vote historique des Nations unies donnera naissance six mois plus tard, le 14 mai 1948, à la création de l’Etat d’Israël. En revanche, l’Etat palestinien indépendant n’a toujours pas vu le jour.

Après la Seconde guerre mondiale, la Grande-Bretagne n’arrive plus à maîtriser la situation en Palestine sur laquelle elle avait reçu un mandat de la Société des Nations en 1922.

Le génocide juif, l’entrée en scène des Etats-Unis au Proche-Orient, la création de la Ligue arabe et la pression exercée par les groupes clandestins sionistes armés, notamment, ont radicalement modifié le contexte local et international. C’est alors que Londres confie en février 1947 le dossier palestinien aux Nations unies.

La résolution 181 de l’ONU

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU à New York vote le partage de la Palestine. La résolution 181 est adoptée par 33 voix pour (dont les Etats-Unis, l’Union soviétique et la France). 13 voix contre (dont les Etats arabes) et dix abstentions (dont la Grande-Bretagne). Le vote n’a pas duré plus de trois minutes.

La Palestine, où vivent alors 1.300.000 Arabes et 600.000 Juifs, est divisée en trois entités qui doivent devenir indépendantes le 1er août 1948.

L’Etat juif (14.000 km2) comprend une bande allant du nord de la Galilée jusqu’au bord du lac de Tibériade, le littoral central (de Haïfa à Tel-Aviv) et le désert du Néguev. Les Palestiniens conserveront trois régions (11.500 km2). L’une en Galilée occidentale, la deuxième dans la bande de Gaza avec une partie de la frontière avec le Sinaï et la troisième en Cisjordanie.

Les Juifs obtiennent 54% du territoire

Jérusalem et les localités environnantes forment alors un corpus separatum (NDLR : un statut politique séparé) sous régime international spécial, administré par l’ONU. Les juifs obtiennent ainsi 54 % du territoire, alors qu’ils ne représentent à l’époque que 30 % de la population.

Londres, bien qu’à l’origine de la convocation de cette session spéciale de l’Assemblée générale, refuse de participer à la mise en œuvre du plan. Le Royaume-Uni, qui n’a cessé de changer de position, est en ce moment favorable aux arabes. Mais c’est surtout parce qu’il est conscient du caractère explosif du sujet qu’il s’abstient. La France, longtemps indécise, finit par voter en faveur du plan.

Alliance entre les Etats-Unis et l’URSS

Jusqu’au bout, les pays arabes à l’ONU qui réclament la création d’un « Etat palestinien unique, démocratique et indépendant » ont tenté de s’opposer à une partition. Mais ils se sont heurtés à une alliance inattendue en cette période de guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS. Une alliance qui a permis de rallier la majorité des deux tiers nécessaire à  l’adoption du texte.

Alors que les Soviétiques veulent chasser les Britanniques de Palestine, les Américains ont notamment pris en compte l’influence croissante du judaïsme dans leur pays.

14 mai 1948 : Création de l’Etat d’Israël

Les dirigeants de l’Agence juive acceptent le plan, mais certains sionistes le rejettent. Car il est loin de correspondre au Grand Israël auquel ils aspirent. A Tel Aviv, la communauté juive retient son souffle au moment du vote. Puis la foule, en liesse, applaudit.

Chez les Palestiniens, c’est un immense sentiment d’injustice qui prévaut. Les pays arabes refusent le plan. Les incidents vont se multiplier en Palestine.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël. Aussitôt après la fin du mandat britannique sur la Palestine. Le premier conflit israélo-arabe éclate le lendemain.

Nakba

A la fin du conflit, Israël occupe 78 % de la Palestine mandataire. Plus de 760.000 Palestiniens prennent la route de l’exode.

Cet exil forcé est baptisé «Nakba» (catastrophe en arabe) par les Palestiniens. Près de 400 villages sont rasés. La Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, revient à la Jordanie et la bande de Gaza à l’Egypte. Le 29 octobre 1956, trois mois après la nationalisation du canal de Suez par l’Egypte, Israël lance ses forces à l’assaut du Sinaï et parvient audit canal. Sous la pression de l’ONU, des Etats-Unis et de l’Union soviétique, Israël se retire.

Lors du conflit de juin 1967, Israël occupera, outre le Golan syrien et le Sinaï égyptien (restitué à l’Egypte en 1982), la Cisjordanie, Jérusalem-Est, qu’il annexera plus tard, et la bande de Gaza, dont il s’est retiré en 2005.

Etat voyou

Loin de ralentir, la colonisation de la Cisjordanie occupée se poursuit. Malgré les prises de position répétées de la communauté internationale, comme la résolution 2334 votée en décembre 2016 par l’ONU. Celle-ci condamne l’occupation de la Cisjordanie et les atteintes aux civils. Dix autres résolutions similaires avaient été adoptées avant celle-ci.

Trump au pouvoir : Israël relance la colonisation de plus belle

La colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens a connu un vif essor ces dernières années. Sous l’impulsion du Premier ministre Netanyahou et depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Près de 700.000 Israéliens vivent dans des colonies, jugées illégales par le droit international. Elles sont implantées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En toute impunité…

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Nadir Dendoune