Inoxtag et l’ascension de l’Everest : Un défi ambitieux qui inspire

 Inoxtag et l’ascension de l’Everest : Un défi ambitieux qui inspire

Le Youtuber français Inoxtag, qui a réalisé le documentaire « Kaizen Everest » racontant son défi de se préparer en un an à l’ascension de l’Everest.

Quand j’ai raconté à mes neveux qu’un certain Inoxtag, Inès Benazzouz de son vrai blaze, m’avait envoyé un message sur Insta, ils ont failli tomber dans les pommes. En mars 2023, ce youtubeur hyper connu (moi, perso, je le connaissais ni de Rachel ni de Mohamed) venait d’annoncer à ses fans — 8 millions de pèlerins quand même — qu’il allait tenter de gravir l’Everest. 

 

« J’ai envie de faire un truc que je pense pas pouvoir faire. Un défi qui peut paraître un peu fou mais que je rêve de réaliser depuis longtemps », disait-il à l’époque. Il se donnait un an pour réussir ce pari. 

Moi, j’avais entendu parler de son projet parce que les gens me harcelaient sur les réseaux. Ils se souvenaient qu’en 2008, sans vraiment d’expérience et en embellissant un peu mon CV, j’avais grimpé au sommet du monde. Forcément, ma petite histoire d’ascension improbable mais réussie sur l’Everest, qui avait fini en livre et en film (« L’Ascension »), ça résonnait avec ce qu’Inoxtag voulait faire.

Du coup, il m’a vite contacté. Le mec, super détendu, m’écrit : « Hello, BG ! Comment vas-tu ? Tu serais chaud pour qu’on s’appelle un soir ? Je kifferai te parler et te poser des questions. » Le « BG » m’a fait bien marrer et hautement motivé, j’ai direct répondu.

Quelques jours après, je me retrouve face à lui, là où il tourne ses vidéos à des millions de vues. En arrivant, je vois plein de fans qui campaient là, prêts à tout pour un selfie avec lui. Franchement, j’ai remercié le ciel d’être un personnage confidentiel. Quelle galère ça doit être de pas pouvoir prendre le métro tranquille sans être harcelé !

Malgré la différence d’âge, on s’est tout de suite bien entendu. J’avoue, je m’attendais à un gamin immature, mais pas du tout. Il a les pieds bien sur terre, ancré dans la vraie vie. Il m’a dit : « Nadir, je suis fatigué, j’ai besoin de prendre du recul, de me reconnecter à la vraie vie. » Et quoi de mieux que l’Everest pour ça, hein ?

Comme pas mal de gars de mon âge (oui, les « vieux cons »), j’arrivais pas trop à capter comment on pouvait se faire autant de thunes et être aussi adulé juste en postant du contenu sur Internet. 

Mon père, feu Mohand Dendoune, lui, il aurait carrément halluciné. Lui qui n’a jamais cru qu’écrire des bouquins ou faire des films pourrait rapporter autant en un an que lui en une vie entière. Je me souviens encore de ses moqueries sur mes mains toutes douces. Pour lui, c’était des mains de fainéant. Ses mains à lui, elles étaient dures, usées par le boulot, des mains de prolos. 

 

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Inoxtag et l'ascension de l'Everest : Un défi ambitieux qui inspire
Pose lors d’une séance photo à Paris le 9 septembre 2024. (Photo JOEL SAGET / AFP)

Quand Inoxtag a annoncé qu’il voulait grimper l’Everest, direct, y’a eu des critiques. Aux États-Unis, même si socialement c’est « marche ou crève », Inoxtag aurait été acclamé et soutenu à fond dans sa démarche. En France, c’est souvent plus compliqué, même si la jeune génération semble vouloir changer les choses. 

Chez nous, les premiers qui ont râlé, c’étaient des internautes lambda, sûrement jaloux. Les gens aiment pas voir les autres réussir, ça les renverrait à leurs propres échecs. Même des alpinistes expérimentés se sont mis à le dénigrer, ceux qui se croient les gardiens de la montagne, comme si eux seuls avaient le droit d’aller là-bas. 

En 2008, j’ai vécu la même chose. On me regardait de haut, comme si j’avais rien à faire là-bas. Bon, j’avoue, à l’époque, les critiques contre moi, je les comprenais. C’était carrément risqué ce que j’avais fait. J’aurais pu y rester, et pire, mettre en danger les autres gars de l’équipe. Parce que, sur l’Everest, c’est pas un jeu, les risques sont bien réels. Chaque année, y’a des gens qui meurent là-haut, notamment à cause du manque d’oxygène dans la « zone de la mort », après 8 000 mètres. 

Mais Inoxtag, lui, a pris ça au sérieux. Il disait : « Je vais prendre le moins de risques possibles. Je vais m’entourer correctement. Les gens me connaissent comme quelqu’un de buté. Mais s’il faut redescendre parce que c’est dangereux, je redescendrai. Peut-être que je n’arriverai pas en haut. Mais même si c’est un échec, ça sera beau et j’aurais essayé. » 

En un an, il s’est préparé comme un athlète de haut niveau. Il a fait du trek dans les Alpes, grimpé sur de la glace, bivouaqué en hiver, même fait du ski de rando. Il a aussi bossé avec Mathis Dumas, un vrai pro de la montagne. Ils sont même allés au Népal faire un sommet pas si simple que ça. Bref, quand il a attaqué l’Everest, il était bien plus prêt que moi à l’époque. 

En avril 2023, il a donc tenu parole et s’est envolé pour le Népal. Comme promis, il a quitté les réseaux sociaux pour se concentrer sur son expédition. Et en mai, je reçois une photo de lui. Physiquement, il avait pris cher. Il était allé au bout de lui-même. Wallah, j’étais fier de lui. 

Bien entendu, à la base, c’est aussi une opération de communication. Mais depuis mars 2023, le sport fait vraiment partie de la vie d’Inoxtag. Le youtubeur a découvert ce que c’est de se dépasser. Il inspire des milliers de jeunes à tenter l’aventure. Peut-être qu’ils n’iront pas tous sur l’Everest, mais grâce à lui, certains se lanceront dans leurs propres défis. Et au final, c’est peut-être le plus grand sommet qu’il pouvait atteindre…

 

Nadir Dendoune