Islamophobie : les autorités appelées à prendre leurs responsabilités

 Islamophobie : les autorités appelées à prendre leurs responsabilités

Amnesty international reproche aux autorités d’avoir laissé se propager les discours et actes islamophobes. Créant ainsi un espace propice à la polémique sur le mot « islamophobie ».

La polémique autour du mot « islamophobie » a très vite occupé le débat public, alors que de nombreuses questions demeurent posées concernant le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, vendredi dernier (25 avril).

Pour Nathalie Godard, directrice de l’Action pour Amnesty International France, le manque d’initiatives convaincantes des autorités a permis la propagation de cette polémique.

« Aucune mesure n’est prise et les discours de haine contre les musulmans se sont multipliés et banalisés en France, structurant ainsi une partie des discours politiques et des médias. Un tel contexte crée les conditions pour des passages à l’acte, contre une partie de la population sans cesse pointée du doigt », indique l’organisation dans un communiqué (30 avril).

« Systémique » ?

Immobilisme, « discours de façade », la directrice de l’Action d’Amnesty international n’épargne pas les dirigeants français et les appelle à prendre leurs responsabilités : « les autorités doivent réagir en s’attaquant de front au fléau du racisme dans notre pays, en commençant par reconnaître l’existence du racisme systémique, en mettant en place une collecte fiable des données sur les discriminations raciales en France, et en supprimant les lois, pratiques et politiques qui favorisent l’islamophobie et toutes les autres formes de racisme ».

Contesté par une partie de la politique

Depuis le début de la semaine, plusieurs membres de la classe politique n’ont pas hésité à montrer leur opposition à l’utilisation du terme « islamophobie ». « Je ne l’aurais pas employé », déclarait, dès dimanche (27 avril) sur RTL, l’actuel ministre des Outre-mer, Manuel Valls.

Il s’en expliquait en ces termes : « Je ne parle jamais d’islamophobie (…) C’est un terme qui a été inventé il y a plus de 30 ans par les mollahs iraniens pour clouer au pilori ».

En début de semaine, plusieurs membres du Rassemblement national faisaient également entendre leur avis sur le sujet. « Il n’y a pas d’islamophobie dans notre pays », affirmait le député RN Sébastien Chenu, mardi (29 avril) sur Public sénat.

Pour lui, l’utilisation de ce terme sous-entendait « une politique d’État qui ferait que les musulmans soient moins bien traités ».