Amandine Lepoutre : « Le Maghreb est plein d’avenir »

 Amandine Lepoutre : « Le Maghreb est plein d’avenir »

Amandine Lepoutre


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Amandine Lepoutre est la fondatrice de Thinkers & Doers, une plateforme de rencontres internationales, un “think and do tank” qui identifie les projets, les personnalités les plus innovantes, et qui met en relation l’Europe et le monde arabe. 


Comment vous est venue l’idée de créer ce mouvement de penseurs et faiseurs du monde de demain ?


Lorsque je travaillais dans une agence de communication, nous avons créé un mouvement de ­réflexion, un laboratoire d’idées pour imaginer ­comment ‘disrupter’ (bousculer, ndlr) le monde d’aujourd’hui, dans les domaines de la culture, de la santé, de l’urbanisme, du design… Concrètement, le mouvement a permis de donner naissance, par exemple, au Refugee Food Festival dans des dizaines de villes d’Europe. L’idée est de confier un restaurant à un grand chef ­réfugié (syrien, arménien, albanais…) en faisant découvrir sa culture gastronomique et en favorisant les ­embauches. Cela a permis aussi à Youness Ouazri de fonder Ecodome, au Maroc, et de devenir une ­figure emblématique de la construction d’habitats écologiques dans les pays du Maghreb.


 


Comment cette plateforme fonctionne-t-elle exactement ?


Des partenariats partout dans le monde nous permettent d’identifier les idées prometteuses de tel ou tel entrepreneur… jeune ou moins jeune ! Car l’âge n’a aucune importance. Notre but est de valoriser les projets et de leur offrir une visibilité via des networks, des ateliers, des rencontres internationales et des conférences, comme les états généraux de l’entreprenariat citoyen organisés en février prochain à Essaouira. Ces actions permettent de concrétiser une idée citoyenne, de dénicher des partenaires, des subventions, etc.­Thinkers & Doers, c’est une immense mise en réseau. Je pensais au départ ­rassembler entre 300 et 400 personnes, mais depuis sa ­création, en 2014, le projet a mobilisé plus de 20 000 participants dans le monde.


 


On parle beaucoup de l’entreprenariat citoyen. ­Comment le définiriez-vous ?


Un entrepreneur citoyen, c’est une personne engagée, connectée à la société d’aujourd’hui, qui propose un nouveau modèle économique en pensant à l’objectif. C’est une démarche humaniste qui mêle business et impact sociétal, et qui invite la société civile à changer le monde. Il y a de nombreux entrepreneurs citoyens dans le secteur du traitement des déchets, par exemple, et les ­impacts sont déjà visibles.


 


Pourquoi vous êtes-vous particulièrement tournée vers le monde arabe ? Est-ce selon vous une région émergente prometteuse ?


Le déclic m’est venu lors d’une conférence où j’ai rencontré une femme tunisienne qui racontait combien il est difficile pour les femmes et les jeunes de se lancer dans le monde de l’entreprise. Je me suis dit qu’il fallait s’aider les uns les autres et créer des passerelles avec le monde méditerranéen, si riche. Puis, en explorant cette région, on s’est aperçu qu’il existait un ­vivier de jeunes entrepreneurs. Au ­Maroc, par exemple, on retrouve beaucoup d’initiatives liées à l’énergie, l’éducation, les solutions solidaires. En Tunisie, il y a un terreau très étonnant de jeunes talents dans le milieu des jeux vidéo. Les pays du Golfe, quant à eux, sont très présents dans l’artisanat. Le Maghreb est plein d’avenir, et pour moi, les femmes du monde arabe portent ­encore plus fort cette révolution en cours. 


 


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