L’agence de notation Moody’s relève la note souveraine de la Tunisie de CAA2 à CAA1

 L’agence de notation Moody’s relève la note souveraine de la Tunisie de CAA2 à CAA1

L’agence new-yorkaise de notation Moody’s a relevé la note souveraine de la Tunisie de CAA2 à CAA1, avec une perspective stable. Si cet ajustement révèle une amélioration certaine de la situation financière du pays, les économistes demeurent mitigés s’agissant de la soutenabilité de cette dynamique haussière, à l’aune d’une croissance en berne.

Autre fait positif, cette réévaluation par Moddy’s inclut également la dette senior non garantie de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui bénéficie du même relèvement. La décision repose sur plusieurs facteurs économiques favorables, notamment l’amélioration du profil d’amortissement de la dette extérieure du secteur privé tunisien et la stabilité des réserves de change de la BCT au cours des deux dernières années, non sans recours à la réinjection via le recours à la planche à billets tempèrent des experts.

Cette révision positive repose sur plusieurs facteurs économiques favorables peut-on lire dans un rapport de l’agence financière publiée le 5 mars 2025. Celle-ci met en valeur notamment l’amélioration du profil de remboursement de la dette extérieure du secteur privé tunisien, ainsi que la capacité de la Banque centrale de Tunisie à préserver des réserves de change stables durant les deux dernières années.

Notons qu’il s’agit là de la première fois que Moody’s relève la note de la Tunisie à ce niveau depuis le 27 janvier 2023, soit plus de deux ans, lorsque l’agence avait décidé d’abaisser la note souveraine de la Tunisie de CAA1 à CAA2 avec des perspectives négatives, le pire score de l’histoire du pays, synonyme de « risque très élevé de défaut ».

 

Remboursement de la dette, à quel prix ?

Pour le spécialiste Hichem Ajbouni, qui reste perplexe quant à l’interprétation de cette notation, « il faut garder à l’esprit que CAA1 n’en est pas moins l’une des notes financières les plus mauvaises pouvant être accordées à une obligation ou à un débiteur de la part des agences de notation ». « Elle ne permet toujours pas à la Tunisie de sortir solliciter des emprunts sur la scène internationale sans avoir à subir des taux d’intérêts exorbitants », renchérit-il face à l’enthousiasme des partisans de l’actuel pouvoir en Tunisie pour qui cette deuxième bonification consécutive de la note souveraine donne raison a posteriori à la politique économique et monétaire d’austérité du gouvernement.

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L’économiste Ridha Chkandali a pour sa part expliqué que Moody’s a fondé sa décision essentiellement sur la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements financiers. Il a souligné à cet égard que le pays a remboursé trois tranches d’Eurobonds depuis octobre 2023, pour un montant total avoisinant 2,4 milliards de dollars, sans procéder à de nouvelles émissions obligataires. Cela a permis de réduire la dette extérieure du secteur privé à 6 % du total de la dette publique en décembre 2024, contre environ 25 % en 2019.

La même source a précisé toutefois que le recours à répétition du gouvernement au financement direct de la Banque centrale de Tunisie, conjugué à un niveau élevé de la dette publique, une masse salariale et un volume des subventions conséquents, tout comme un grand nombre d’entreprises publiques déficitaires, plombent encore beaucoup trop l’économie nationale pour parler d’embellie significative.