Les nomades du Maroc, des destins oubliés sous le sable du Sahara

 Les nomades du Maroc, des destins oubliés sous le sable du Sahara

@Salmatoune/Twitter

Des pieds nus, des vêtements froids, des tentes délabrées… C’est le quotidien des nomades du Maroc, le quotidien d’une population en marge de la santé, en marge de l’éducation, en marge de la vie. C’est à Merzouga, un petit village saharien, où s’est rendu un groupe de supporters rajaouis, pour une action caritative. À leur retour, ils ont témoigné sur les réseaux sociaux, à coups de photos et vidéos, « de ce qui [les] a écoeuré ». Car le motto de ces fans du Raja, club de football marocain, est simple : « Agir, aider, sauver des vies ; mais surtout, donner l’exemple ».

C’est lors d’un meeting qui visait à mettre en place les actions annuelles de Verde Passione, le groupe bénévole des supporters du Raja, que le choix s’est porté vers Merzouga, région du sud-est marocain. Malgré la longue distance, une équipe s’est rendue sur place, poussée par le portrait dramatique que leur avait brossé un des membres sur les nomades de cette région : « Malheureusement, bon nombre de Marocains ignorent peut-être même leur existence. Les projecteurs sont lancés sur les régions montagneuses en période de froid, pourtant, ces populations nomades souffrent tout autant », peut-on lire sur leur page Facebook.

Une population qui n’a quasi aucune ressource

Les nomades vivent principalement de l’élevage du bétail. C’est pourquoi leurs déplacements sont fréquents, motivés par la recherche de zones de pâturage et de points d’eau. Celui qui possède du bétail peut en vendre. Celui qui n’en a pas, reste démuni. Se sont ajoutées au caractère déjà précaire de leur existence, les périodes de grandes sécheresses, de plus en plus fréquentes. Les éleveurs se retrouvent ainsi dans l’impossibilité de nourrir leurs troupeaux, qu’ils ont fini par perdre au fil des ans.

En dehors du bétail, la deuxième ressource de cette population nomade du Maroc se concentrait dans la vente de produits de décoration, ou encore de bijoux à base de fossiles, principalement achetés par les touristes. Avec le Covid et la réduction à néant des flux touristiques, les nomades ont vu leurs misérables rentrées d’argent, s’effondrer.

« Ces régions et habitants, à travers leurs traditions, sont un trésor du pays, tant sur le plan historique que touristique. Il doit être conservé et aidé de façon efficiente et pérenne à travers de vrais projets », martèle Maha, une des supporters et lanceuse d’alerte.

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Un état des lieux critique

« Nous n’avions pas fait de provisions en chaussures pour eux, mais nous découvrons que c’est l’un des premiers besoins », peut-ont lire sur le compte Twitter des supporters. Avant d’entreprendre le voyage au début du mois, le groupe avait lancé un appel aux dons de vêtements à travers les réseaux sociaux, leur mode opératoire, et ont pu collecter des couvertures et vêtements chauds, des survêtements du Raja, des maillots pour les petites, et des friandises.

Arrivée sur les lieux, l’équipe s’est très vite rendue compte que les denrées recueillies étaient insuffisantes. Ce qu’ils ont vu allait bien au-delà de ce qu’ils avaient imaginé. Des tentes assemblées avec des matériaux des plus précaires, des vêtements des plus malheureux face au froid, pas ou peu de chaussures aux pieds, une insalubrité inévitable… Des conditions de survie, et non de vie. Pourtant, une même impression est restée gravée dans l’esprit des personnes qui ont fait la rencontre de cette population : ils ne demandent rien, sont fiers, patients, humbles, généreux et font preuve d’une hospitalité hors norme.

« Il serait bon que les élus se penchent sur le sujet des nomades », écrit le groupe sur leurs réseaux, dénonçant le mutisme des responsables. « Sans la solidarité, bien des régions agonisantes seraient enterrées et effacées de la carte du pays », déplore Maha.

Les « Verde Passione »

Les Verde Passione sont un groupe bénévole et lanceur d’alertes de supporters rajaouis, composé de plus de 150 membres (cadres supérieurs, ingénieurs, salariés indépendants…), qui mènent une grande action caritative chaque année dans une région recluse, et qui partagent leurs retours sur les réseaux sociaux. Le but étant de sensibiliser l’opinion publique, pour que, chacun, à son tour, puisse s’investir dans le cadre de la solidarité. Des actions préventives sont également menées, comme les dons du sang, ou encore lors de leurs déplacements pour assister aux matchs, où ils en profitent pour apporter de l’aide aux orphelinats. En somme, ces Verde Passione se sont regroupés autour de leur passion du football, pour porter haut les valeurs d’un sport fédérateur.

Pour aider au mieux la population de Merzouga, une Marocaine résidente en France a lancé une cagnotte.Quant à la vidéo sur l’action des supporters bénévoles à Merzouga, elle est à retrouver ici.

Malika El Kettani