Livre. « Sous nos peaux » : Femmes noires, amitiés, fierté — le cri doux de Maïram Guissé

 Livre. « Sous nos peaux » : Femmes noires, amitiés, fierté — le cri doux de Maïram Guissé

« Sous nos peaux », premier livre de Maïram Guissé, en présentation à Paris le 30 octobre. Photo : Nadir Dendoune

Sorti cette semaine chez Grasset, Sous nos peaux est le premier livre de Maïram Guissé. L’autrice viendra le présenter au public le jeudi 30 octobre à 19 h à la librairie Un livre et une tasse de thé, 32 rue René-Boulanger, à Paris. Et franchement, ça promet.

 

« Tu viens d’où ? », c’est la question qu’on lui balance depuis toujours. Maïram répond « de Normandie ». Et là, le blanc. Le petit silence gêné. Parce qu’apparemment, dans les têtes, une femme noire, ça ne peut pas venir de là. On attend qu’elle parle du Sénégal, qu’elle justifie sa peau, sa présence, sa vie.

Alors elle a pris la plume. Pour répondre. Pour sa fille, d’abord. Et pour toutes celles qu’on ne regarde pas assez.

Dans Sous nos peaux, Maïram raconte les femmes de son monde : ses repères, ses modèles, ses sœurs d’âme. Hawlihi, Adia, Audrey — les copines d’enfance. Sa grande sœur Aïssat, la boussole. Tata Chilani, la meilleure amie de sa mère, figure de force tranquille. Et puis celles croisées en route : Aset, arrivée du Congo à 12 ans après la guerre civile, passée par le Gabon avant la France ; Aminata, rencontrée à Lille pendant les études, complice et témoin.

>> A lire aussi : Littérature. Hala Alyan : « Le corps se souvient de ce que les mots ne peuvent dire »

Toutes ces femmes, Maïram les écoute, les peint, les aime. Elles bossent, rient, dansent au Coconuts, encaissent les remarques au boulot, affrontent le racisme — à l’école, sur une plage de Deauville, ou face à un chien « dressé pour choper les négros ». Mais elles restent debout.

Ce livre, c’est pas une leçon. C’est une respiration. Une enquête de peau et de cœur. Maïram écrit sans décorations, sans fioritures, avec tendresse et courage. Elle tisse les voix de ces femmes comme une fraternité de lumière.

Ancienne journaliste au Parisien, fille de Canteleu, petite commune de 15 000 habitants de Seine-Maritime, elle n’a pas trouvé son reflet à la télé ni dans les bouquins. Alors elle l’a écrit.

Sous nos peaux, c’est une claque douce. Un texte qui réchauffe et qui fait réfléchir. Et ça, ça ne s’oublie pas.