Mayotte: faut-il répartir les migrants mineurs sur tout le territoire français ?

 Mayotte: faut-il répartir les migrants mineurs sur tout le territoire français ?

Des Comoriens d’Anjouan s’apprêtent à prendre la mer pour tenter d’entrer illégalement sur l’île de Mayotte. RICHARD BOUHET / AFP

C’est ce que proposent deux députés pour désamorcer une situation « explosive » liée à l’immigration illégale provenant des Comores.

Répartir sur l’ensemble du territoire national des mineurs isolés étrangers, principalement comoriens, qui débarquent dans ce département d’Outre-mer. Dans un rapport sur les flux migratoires présenté hier, le 31 mai en commission, les députés constatent que la charge de ces 6 000 jeunes migrants repose entièrement sur le conseil départemental de Mayotte, déjà exsangue.

Circulaire Taubira

Il s’agit des députés Laurent Marcangeli (Horizons) et Estelle Youssouffa (Liot). Ils recommandent donc de faire appliquer sur l’île française, comme c’est la norme en métropole, la circulaire dite « Taubira » du 31 mai 2013 qui prévoit leur répartition sur l’ensemble du territoire national. L’affectation géographique des mineurs isolés étrangers dans l’Hexagone dépend d’une « clé de répartition » établie par le ministère de la Justice et fondée principalement sur des critères démographiques.

Absence de soins

Les députés dressent aussi un rapport accablant de la situation sanitaire à Mayotte, dont le système de santé est « plongé dans le chaos », selon leurs termes, notamment du fait de la pression migratoire. Sans couverture sociale, « les étrangers séjournant illégalement sur le territoire mahorais ne peuvent se faire soigner dans le secteur libéral », relèvent les députés, et « l’ensemble des demandes de soins et de prise en charge des étrangers en situation irrégulière se reporte sur le centre hospitalier de Mamoudzou et sur ses antennes territorialisées ». 

Résultat: l’hôpital, qui reçoit à 75% des personnes non-assurées, est engorgé par des patients souvent « pris en charge tardivement, dans des états aggravés ». L’absence de droits sociaux « ne dissuade nullement les Comoriens de s’installer à Mayotte tout en contribuant fortement à la saturation du centre hospitalier de Mamoudzou », observent les rapporteurs, recommandant « de rendre désormais applicable l’aide médicale d’État à Mayotte ». L’AME couvre notamment à 100% les frais médicaux et hospitaliers des étrangers présents en France depuis au moins trois mois.

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Chloé Juhel