France. Almamy Kanouté, un candidat proche des gens

 France. Almamy Kanouté, un candidat proche des gens

Almamy Kanouté s’est lancé en politique pour représenter les laissés pour compte des grands partis. Photo Pauline Froissart / AFP.


Tête de liste du parti Émergence dans la 12ème circonscription du Val-de-Marne, Almamy Kanouté ne chôme pas à l’approche du premier tour des élections législatives. Distribution de tracts, collage d’affiches, dialogue avec les habitants, Almamy est sur tous les fronts. Reportage.




 


« N’oubliez pas d’aller voter dimanche. Votez pour celui qui vous représente le mieux mais surtout, allez voter ». Almamy Kanouté n’est pas du genre à faire des appels du pied en sa faveur. De retour, chez lui, à Fresnes, après une interview donnée dans les locaux de la radio génération, le candidat de la liste Émergence de la 12e circonscription du Val-de-Marne se remet au travail de terrain.


Tracts et professions de foi à la main, il interpelle tous les passants avec un grand sourire. À entendre les premières réactions, on comprend vite qu’Almamy ne passe pas inaperçu. « On a vu vos affiches partout », lui assure un étudiant. « J’ai déjà le tract mais je vais prendre la profession de foi », lui lance une jeune femme tout sourire.


Almamy Kanouté peut se targuer d’une chose, il a réussi sa campagne. « Sur le marché, le député sortant UMP est venu me féliciter pour ma campagne de communication ». Ne serait-il pas simplement satisfait du siphonage des voix de gauche opéré par Almamy ? « La gauche n’a pas le monopole d’un électorat. Nous essayons de ramener vers les urnes des personnes qui se sont écartées des devoirs civiques car ils n’ont plus espoir ni en la gauche ni en la droite », rétorque-t-il.


Quelques tracts distribués plus tard, direction les panneaux de la commune pour aller coller des affiches.


 


« Le vrai changement, c’est maintenant »


« À Rungis, quelqu’un ne me supporte pas et n’arrête pas de retirer mes affiches ». Malheureusement, ce n’est pas le seul. Dérangés par une candidature indépendante qui commence à faire beaucoup de bruit, d’autres candidats n’ont pas respecté « le fairplay ». Affiches du mouvement recouvertes ou arrachées sont monnaie courante dans cette campagne.


Petit tour dans les rues de Fresnes. Premier arrêt. Almamy sort de la voiture, pot de colle et affiches à la main. Pour cette campagne, il a pris 15 jours de vacances. Même s’il peut compter sur une solide équipe de bénévoles, le candidat se retrouve toujours en première ligne. « Le vrai changement, c’est maintenant ». Slogan plutôt bien trouvé qui colle à merveille au personnage, « on l’a décidé au lendemain des élections », sourit-il.


Mickaël, un ami de longue date fait parti des soutiens du candidat. Bien souvent l’après-midi, il vient donner un coup de main à Almamy. « Ce n’est pas un beau parleur, il connait les gens, il vit ici, il se battra pour eux », nous confie-t-il. « Certains me disent, « Almamy quand tu seras élu, tu vas nous oublier », je leur réponds qu’ils savent où j’habite, si c’est le cas, qu’ils n’hésitent pas à m’appeler ».


 


« Préparer les générations futures »


Brève pause à son appartement. Pas le temps de se reposer, Almamy doit s’occuper de sa com sur internet. Quelques clics plus tard, on repart direction Thiais. Au menu, collage d’affiches et diffusion de tracts.


La fatigue ne paraît pas atteindre ce bourreau de travail qui peut s’appuyer sur une solide expérience de campagne. En 2008, il se présentait en tête de la liste « Fresnes Avenir » aux élections municipales. Avec plus de 11% récoltés, il réussissait une entrée fracassante, grappillant au passage deux sièges au conseil municipal.


Les élections législatives qui arrivent ne sont qu’une étape, « elles nous préparent pour l’élection municipale ». Mais pas question pour autant de ne pas se fixer d’objectifs pour dimanche, « on vise les 5% ».


Dans une circonscription qui réunit des villes très à droite comme Rungis ou Thiais, la barbe + la couleur de peau pose un double handicap. Pas de quoi lui retirer le sourire, encore moins entamer son optimisme, «je suis très bien reçu dans les quartiers plus aisés».


Il y a quelques années, il ne se serait jamais vu faire de la politique mais à force de déceptions, il s’est lancé pour représenter les laissés pour compte des grands partis.


Fidèle à ses convictions, il a voté blanc au second tour des présidentielles. À la question de savoir de quel côté il se situe, sa réponse est sans appel : « On est une gauche de décision qui se bat pour des valeurs ».


Quelle est la clé selon lui pour inverser la tendance au profit des partis indépendants ? « Tout passera par la formation politique. Il faut préparer les futures générations à avoir une lecture plus large. Ne plus choisir en étant orienté par une idéologie préconçue ».


Jonathan Ardines

 

Jonathan Ardines