France. Emmaüs ouvre un deuxième magasin à Marseille

 France. Emmaüs ouvre un deuxième magasin à Marseille

Nouara Bernou : « Les personnes qui viendront acheter feront des économies tout en nous donnant un coup de pouce considérable ». Photo Emmaüs.


Forte de la réussite de sa première boutique, l’association créée par l’abbé Pierre ouvre un nouveau magasin le 9 juin, au 16 rue plumier, dans le centre ville de la cité phocéenne. Exclusivement textile, il proposera à chacun des vêtements de qualité à prix riquiqui. Interview de Nouara Bernou, responsable Emmaüs Pointe Rouge.




 


Le Courrier de l’Atlas : Pourquoi ouvrir une nouvelle boutique en centre ville ?


Nouara Bernou : Après le succès de la première boutique rue Colbert, nous avons décidé de permettre à ceux qui n’ont pas de moyens de locomotions de pouvoir venir par le biais des transports. Avec la crise, beaucoup de gens ne peuvent pas mettre d’essence dans leur voiture. En ouvrant un magasin en plein centre ville, nous donnons l’opportunité à un maximum de personnes de pouvoir y accéder plus facilement.


 


Est-ce qu’on retrouvera le même type d’articles que dans l’autre magasin ?


Non, celui-ci sera exclusivement textile. Dans l’autre, on trouve des vêtements, des chaussures, des sacs, du luminaire… ça ne sera pas le cas ici.


Nous avons ouvert une boutique dédiée uniquement au textile car on s’est rendu compte que s’habiller était devenu hors de prix. On a mis le paquet pour monter une boutique chic qui propose des vêtements pas chers. Les gens qui galèrent ont aussi droit au luxe. Une veste Hugo Boss que vous achetez dans le commerce 150 €, vous la trouverez chez nous à 20 €.


 


Allez-vous embaucher des employés pour tenir la boutique ?


Ça sera uniquement les compagnons d’Emmaüs et quelques bénévoles qui s’en occuperont.


Les compagnons, ce sont les personnes que nous accueillons à la communauté. Exclus de la vie, sans ressources et bien souvent à la rue, nous les accompagnons vers une réinsertion. Ils sont nourris, logés et nous leur donnons un pécule hebdomadaire de 50 €. Chacun est libre de rester le temps qu’il veut, nous ne décidons de rien, nous sommes juste un soutien.


Ce sont eux qui ont mis la boutique en l’état, qui ont trié les vêtements et qui vont gérer la boutique de 10 h à 18 h du mardi au samedi.


 


Faut-il avoir de faibles revenus pour avoir le droit d’acheter des articles ?


Non, tout le monde peut venir, c’est une boutique à part entière. Nous ne visons pas uniquement une clientèle de démunis. Aujourd’hui, les jeunes et bien d’autres subissent la crise de plein fouet. Ils ont du mal à joindre les deux bouts. On veut aider tout le monde en proposant des vêtements propres. Offerts par de généreux donateurs, ils n’ont pour la plupart été portés qu’une seule fois. Les personnes qui viendront acheter feront des économies tout en nous donnant un coup de pouce considérable.


 


À quoi va servir l’argent récolté ?


Il va nous permettre de financer des projets sociaux mais pas seulement. Cet argent va aussi servir à payer le loyer et à financer notre communauté qui compte 50 compagnons. Nous n’avons pas de subventions, nous n’en avons jamais voulu. Nous gardons ainsi notre liberté de parole à laquelle on tient. Si on a envie de manifester, on y va ! L’argent de la boutique va nous aider dans nos actions.


 


Ces « nouvelles boutiques » vont-elles s’exporter dans d’autres grandes villes ?


À Paris, il y a des boutiques Emmaüs mais ce n’est pas le même principe. Cependant, le concept est en train tout doucement de faire boule de neige. Les copains d’Aix en Provence ont ouvert une boutique dans le centre ville, ça commence à se développer.


Propos recueillis par Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines