France. Inauguration du premier cimetière musulman

 France. Inauguration du premier cimetière musulman

Pour clore l’inauguration

Le premier cimetière musulman a été inauguré lundi en grande pompe à Strasbourg. Pour la communauté musulmane, il ne sera plus obligatoire d’effectuer un long périple pour enterrer ses proches, ils pourront enfin trouver repos sur la terre qui les a accueillis.

 

« C’est un événement historique pour la communauté musulmane d’Alsace et celle de tout l’hexagone », s’est félicité Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) lors de l’inauguration. Malgré le froid polaire qui touchait l’est de la France, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées pour fêter dignement cette première historique.

Installé sur un terrain d’un peu plus d’un hectare tout au sud de la commune, le cimetière pourra accueillir environ 1 millier de sépultures, avec même une extension possible, si nécessaire.

Une première rendue possible grâce au droit local si particulier. La loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat ne s’applique pas en Alsace-Moselle. Les pouvoirs publics peuvent donc intervenir dans le financement et l’organisation des cultes.

Ce qui permet une véritable première, car jusqu’à maintenant, seule la ville de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avait ouvert un cimetière musulman dans les années 1930, mais à caractère privé. Il a d’ailleurs récemment changé de statut en devenant le carré musulman du cimetière communal.

Une exception qui ne suffit pas pour le président du CFCM : « Certaines municipalités n’ont hélas pas encore complètement intégré le fait que de plus en plus de musulmans souhaitent être enterrés dans cette terre qui les a adoptés, au lieu de procéder à un rapatriement de leur corps. Cela permet également de donner des racines aux enfants et petits-enfants de musulmans en France ».

 

Un cimetière comme les autres

À première vue, il est difficile de faire la différence avec un cimetière « classique ». Seule la grande inscription sur le mur d’enceinte : « Cimetière public musulman » nous fait comprendre où nous sommes. Car à l’intérieur, il s’agit d’un lieu comme les autres à première vue.

En y regardant de plus près on fera attention aux salles dans un petit bâtiment à l’entrée équipées pour les ablutions. Un peu plus loin, un espace couvert devrait permettre aux familles qui le désirent de respecter l’ensemble des rites musulmans. Enfin, toutes les sépultures seront tournées vers la Mecque.

Pour le maire PS de la ville, Roland Ries, ce cimetière a surtout une « valeur symbolique ». « Si l’on veut qu’une communauté religieuse se sente pleinement chez elle dans une ville, il faut lui faciliter la construction de cultes et l’enterrement de ses croyants. C’est la base même de l’intégration », a-t-il déclaré.

Le sous-préfet David Trouchaud, plus haut représentant de l’État présent lors de la cérémonie s’est aussi réjoui : « Ce lieu permettra plus facilement aux musulmans ayant vécu en Alsace d’être inhumés sur place. Cela correspond à une tendance lourde en rapport avec la place du culte musulman dans la société française ».

Il s’agissait là pour lui d’une vraie nécessité pour la communauté : « En Alsace comme ailleurs, les musulmans pratiquants sont confrontés à la saturation de carrés confessionnels dans les cimetières municipaux, et sont de plus en plus contraints de faire inhumer leurs proches dans leur pays d’origine alors même qu’ils auraient souhaité les garder auprès d’eux ».

M. Moussaoui s’est voulu rassurant à ce propos, rappelant qu’une circulaire du ministère de l’Intérieur datant de 2008 avait « apporté une réponse satisfaisante au souhait des musulmans de pouvoir inhumer leurs morts dans le respect de leur rite ». Depuis 2008, les carrés musulmans sont passés de 70 à plus de 200 aujourd’hui.

La cérémonie a réuni tous les membres du conseil municipal de gauche comme de droite. La création avait été votée « à l’unanimité » lors du conseil. L’ancienne maire UMP Fabienne Keller et Robert Grossman étaient là aux côtés des représentants des cultes catholique, protestant et israélite.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines