France. Les harkis s’invitent à la présidentielle

 France. Les harkis s’invitent à la présidentielle

Depuis 2001

À quelques mois de l’élection présidentielle, le vote harkis est de plus en plus courtisé par les différents partis. Conscients de leur importance croissante, ils essayent de faire monter les enchères. La revue « Les temps modernes » a consacré un dossier fouillé sur la « réalité harkis ».

 

Une étude Ifop publiée dans la revue Cevifop, donne des indications sur le vote pied-noir lors de la prochaine élection.

Le Front National continue d’attirer avec 28 % pour les rapatriés et 24 % chez les descendants de cette communauté.

Nicolas Sarkozy garde une attractivité chez les rapatriés, 26 %, à égalité avec François Hollande mais ce score s’effondre quand il s’agit de leurs enfants, seulement 15 % pour le président quand François Hollande attire 31 % des sondés.

Un résultat qui reflète la déception suite aux promesses non tenues du candidat Sarkozy. En 2007, il promettait la reconnaissance de la responsabilité de l’État français de 1962 dans les crimes et les préjudices moraux et matériels subis par les harkis et les rapatriés.

Plusieurs associations ont donc décidé de demander aux candidats à la présidentielle 2012 de s’engager par écrit pour cette reconnaissance d’un « crime d’État ».

Les candidats ne devraient pas bouder cet engagement. Le vote des pieds-noirs et des harkis représente 800 000 personnes, une manne non négligeable.

Deux candidats ont déjà promis de signer cette convention, Marine Le Pen et Jean-Marc Governatori, le candidat de l’Alliance écologiste indépendante.

 

Les harkis n’ont pas eu le choix

La revue « Les temps modernes » vient de publier un excellent numéro sur la question harkis. Les spécialistes tordent le cou à plusieurs idées reçues.

Ces Algériens ne se seraient pas engagés dans les « harkas » (unité de supplétifs) pour défendre l’Algérie française. La plupart ont tenté de protéger leur famille face aux violences des maquisards de l’ALN (Armée de libération nationale).

Plus important, c’est l’armée française qui est venue les recruter, leur laissant le choix entre la mort ou l’armée. Le général de Gaulle refuse que les appelés français soient mis largement à contribution et préfère se renforcer avec des unités algériennes.

En 1962, les survivants retournent dans leurs villages en espérant se faire une place dans cette nouvelle Algérie. Mais l’armée française qui devait les protéger, préfère les désarmer et les oublier.

Très vite, ils deviennent les boucs émissaires du FLN. Si aucun spécialiste ne peut donner de chiffre exact, le bilan oscille entre 25 000 et 80 000 morts.

Plus de 42 000 harkis préfèrent quitter le pays pour rejoindre la France. Le gouvernement donne des consignes pour décourager leur installation.

Ils se retrouvent trimballés dans des camps de transit, des cités d’accueil. Les conditions sont extrêmement difficiles, les harkis étant alors considérés par les Français comme des sous-citoyens.

Yann Scioldo-Zürcher explique que la circulaire Missoffe du 31 janvier 1964 demandait aux bailleurs HLM de reloger les « harkis rapatriés » après avoir traité les demandes des Français d’Algérie.

Ils ont dû attendre le 25 septembre 2001 pour que cette journée soit retenue en hommage aux harkis. Enfin, en 2005, l’État adopte un ensemble de dispositifs financiers à leur égard.

Aujourd’hui, ils attendent de l’État français un geste de reconnaissance de sa responsabilité. Les candidats sont prévenus.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines