France. Que s’est-il réellement passé sur le site nucléaire de Marcoule?

  ‘On nous cache tout, on nous dit rien’. Voilà qui résume bien le mystère autour de ‘l’affaire de Marcoule’. Pourtant la semaine dernière tout semblait réglé. Le 12 septembre, on apprenait qu’un four avait explosé sur le site nucléaire de Marcoule, dans le Gard. Une explosion qui avait fait un mort, un employé d’origine espagnole de 51 ans et quatre blessés. Peu de temps après, le ministre de l’énergie, Eric Besson, s’empressait de rassurer tout le monde : «  Il n’y a pas de risque radioactif ou chimique ».

Un mort invisible

Pourtant selon le quotidien espagnol Publico, les autorités françaises chercheraient à cacher l’origine radioactive de l’accident. Un premier indice leur a mis la puce à l’oreille. Lors de l’enterrement de la victime, samedi, le cercueil mis en terre était protégé par un blindage spécial. La famille de la victime n’a pas eu le droit de voir la dépouille. Le quotidien va encore plus loin, en révélant qu’aucune autopsie n’aurait été effectuée. Selon un enquêteur, si le corps n’a pas été présenté à la famille, c’est parce qu’il ne pouvait pas être décontaminé.

Seuls quelques gendarmes, équipés de combinaison de protection, auraient eu accès au hangar. Les gendarmes français auraient confié aux journalistes :  «  Par chance, notre commandement nous a protégés en nous empêchant de rentrer dans le secteur et d’attendre les unités du risque nucléaire-radiologique-bactériologique-chimique (NRBC). »

Etonnant quand on se rappelle du communiqué de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) qui déclarait peu après l’accident « qu’aucune contamination n’a été constatée : les blessés ne sont pas contaminés ».

Des zones d’ombre

Un des blessés, brûlé au second degré sur 85% du corps, a été transféré à l’hôpital militaire de Percy-Clamart qui dépend… du ministère de la Défense. Jusque là, le blessé était pris en charge et soigné dans un hôpital civil, au CHU de Montpellier.

Outre les victimes, pas un mot sur le contenu de la ferraille en cours d’incinération, qui avait déjà provoqué plusieurs accidents la semaine précédente. La direction de l’entreprise Socodei Centraco n’a pas voulu divulguer le nom des clients dont on incinérait les déchets radioactifs.

Pour ne rien arranger, les autorités ont refusé de révéler le résultat des analyses des filtres et des capteurs placés dans la cheminée du four accidenté. Des données essentielles pour savoir si la ferraille était de nature civile ou militaire.

Le four n’aurait pas explosé

Mais le journal n’en reste pas là et nous fait une révélation fracassante. L’ASN aurait fourni des explications à plusieurs sources qui assureraient que le four n’aurait pas explosé.

L’ouvrier décédé aurait en fait soulevé la trappe du four. Il serait mort brûlé par des métaux en fusion qui auraient jailli.

Le 26 mai 2009, une officine parlementaire avait estimé que ce four était trop petit et «  qu’il faudrait travailler sur un projet de four à fusion d’une capacité supérieure. »

Mais rien n’a été fait dans ce sens. Depuis décembre 2010, deux grèves du personnel avaient eu lieu pour réclamer, entre autre, plus de sécurité.
Le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) s’est réuni jeudi. Le compte rendu devrait bientôt être mis en ligne. Selon les dernières informations, il n’y aurait rien à signaler.

 Jonathan Ardines

Jonathan Ardines