France. Une fête du Travail sur fond de campagne électorale

 France. Une fête du Travail sur fond de campagne électorale

Les leaders syndicalistes lors du défilé du 1er mai à Paris. [De gauche à droite à partir du 4e rang : François Chérèque (CFDT)


Dans le contexte de l’entre-deux tours, la célébration du 1er mai a donné lieu à plusieurs démonstrations de force dans la rue. Pas moins de quatre cortèges ont arpenté la capitale, et de nombreux manifestants sont descendus dans la rue un peu partout en France à l’appel des syndicats et des partis politiques. (Photo AFP)


 


Marine Le Pen votera Blanc


Premiers à défiler, plusieurs milliers de militants et sympathisants du Front national sont venus soutenir leur championne lors du rituel défilé frontiste du 1er mai. Le cortège du FN a déposé une gerbe sous la statue équestre de Jeanne d’Arc à la place des Pyramides avant de se diriger vers la place de l’Opéra pour écouter le discours de Marine Le Pen.


La présidente du Front national a mené une attaque en règle contre les deux « candidats du système » devant une nuée de drapeaux et sous les ovations du public scandant : « Ni droite, ni gauche, Front national » et « Sarko, Hollande, c’est pareil ».


Refusant de choisir entre « l’illusion d’une certaine droite et l’illusion d’une certaine gauche », Marine Le Pen n’a donné aucune consigne de vote en appelant ses 6,4 millions d’électeurs à voter en « leur âme et conscience ». Elle a cependant indiqué qu’elle votera blanc « à titre personnel ».


 


48 000 à 250 000 dans les rues de la capitale à l’appel des syndicats


Environ 500 personnes ont répondu à l’appel de Force ouvrière pour manifester de la place Gambetta au Père-Lachaise. Mais, c’est surtout le rassemblement des cinq syndicats CGT, CFDT, Unsa, FSU et Solidaires qui a fait le plein dans l’après-midi.


200 000 à 250 000 personnes selon les organisateurs (48 000 selon la police) ont battu le pavé dans une ambiance résolument anti-Sarkozy. Certains leaders de l’opposition comme Martine Aubry, Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon ont défilé dans les rangs syndicaux.


En tête de cortège François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a critiqué les attaques contre les syndicats de Nicolas Sarkozy en estimant : « ce sont des millions de personnes qui votent pour nous et, pour eux, c’est une humiliation ». Il l’a appelé à recentrer le débat sur les thèmes essentiels : « chômage, pouvoir d’achat, conditions de travail ». Sortant de sa réserve syndicale, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a pour sa part réitéré son appel à voter contre Nicolas Sarkozy le 6 mai en raison de « son bilan ».


Selon les centrales syndicales, 289 défilés rassemblant 750 000 personnes (316 000 selon le ministère de l’Intérieur) ont eu lieu partout en France. Toujours selon les organisateurs, les manifestants étaient 40 000 à Toulouse, 35 000 à 40 000 à Grenoble, 20 000 à Lyon et Marseille et 10 000 à Nancy.


 


Nicolas Sarkozy pour « un nouveau modèle français »


Parallèlement au défilé syndical entre la place Denfert-Rochereau et la place de la Bastille, Nicolas Sarkozy a rassemblé plusieurs milliers de partisans au pied de la Tour Eiffel. Dans une allocution pugnace, le président sortant a fustigé le rôle des syndicats dans la campagne électorale.


En les exhortant à « poser le drapeau rouge », il leur a rappelé que leur « rôle n’est pas de faire de la politique », mais de « défendre les salariés ». « Dans la République, ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent, c’est le gouvernement » a-t-il également rappelé.


En retard dans les sondages, Nicolas Sarkozy a toutefois tenté de rassembler au-delà de son camp pour bâtir « un nouveau modèle français ». Un modèle qui ne peut venir que du travail, « seul moyen de rembourser nos dettes, de retrouver le chemin de la croissance et de garantir notre pouvoir d’achat » selon lui.


Rached Cherif


 

Rached Cherif