Maroc. Chômage, les « recettes » de Benkirane

 Maroc. Chômage, les « recettes » de Benkirane

Pour les diplômés-chômeurs

De toutes les priorités et attentes auxquelles sont confrontés les membres du gouvernement Benkirane, la résorption du chômage constitue sans nul doute le principal défi de cet Exécutif. L’objectif annoncé, un taux de 8% au terme de leur mandat en 2016, a d’ores et déjà été décrié par les partis de l’opposition.

 

Ces derniers y voient « une manifestation de plus de l’optimisme démesuré de ce gouvernement ». Le Maroc connait en effet un taux de chômage « officiel » de 9,1%, un taux remis en question par les économistes car, selon les statistiques du Haut commissariat au Plan, un vendeur ambulant est considéré comme une personne en activité et n’entre donc pas dans le calcul de ce taux.

Pour les  députés, les mesures annoncées par le gouvernement ne peuvent fonctionner dans un environnement économique à la merci de facteurs exogènes, en tête desquels figure une forte dépendance à l’égard de pays de l’UE qui, eux-mêmes, peinent à renouer avec la croissance.

Des arguments balayés d’un revers de la main par l’actuel gouvernement. Sur un plan macroéconomique, il est vrai que les exportations marocaines ne constituent pas le principal moteur de croissance.

C’est pourquoi Benkirane et son équipe se penchent sur la restructuration de programmes mis en place sous le précédent Exécutif, et qui visent à réduire le chômage des diplômés mais également des personnes en situation précaire pour qui l’informel constitue l’unique moyen de subsistance.

Ainsi, les principaux fers de lance du gouvernement Benkirane sont les programmes « Moubadara » (Initiative), « Taatir » (Encadrement) et enfin « Istiaab » (Assimilation), qui ambitionnent d’intégrer des personnes sans qualification dans l’économie formelle.

Détail intéressant, ces mesures ne sont autres que des versions alternatives des anciens programmes « Moukawalati », « Taahil » et « Idmaj », des programmes qui avaient rapidement montré leurs limites. Les membres du Conseil économique et social, nommés par le roi, n’avaient d’ailleurs pas hésité à dénigrer ces mesures pour leur inadéquation aux réalités du pays.

 

Des programmes cohérents, mais…

Pour les diplômés-chômeurs, l’équipe Benkirane a ainsi concocté Moubadara et Taatir. Le premier programme vise à intégrer ces diplômés au sein d’associations de proximité dans le but de mettre à profit leurs compétences.

Quant au second, le programme Taatir, il cible en priorité les diplômés au chômage depuis une longue durée, principalement en raison de l’inadéquation entre leur formation et les besoins du marché du travail.  

Taatir ambitionne ainsi de reconvertir près de 50 000 bénéficiaires par an, notamment à travers la mise en place d’un système incitatif de bourses de mérite.

Si le déploiement de ces programmes semble cohérent, du moins sur le papier, le plus difficile sera de convaincre les principaux intéressés d’y adhérer. Or, des représentants des diplômés ont déjà exprimé leur rejet catégorique de ces mesures, sous prétexte qu’elles ne répondent pas à leurs revendications : l’intégration dans la fonction publique.

Pendant ce temps, la tension sociale monte au royaume. Entre les diplômés qui menacent de s’immoler par le feu à Rabat, et un groupe de chômeurs qui menace de faire exploser un complexe chimique à Benguerir, les membres du gouvernement auront fort à faire pour mener à bien leur mission sur tous les fronts…

Zakaria Boulahya

Zakaria Boulahya