Covid-19 en Tunisie : fermeture des écoles et restrictions de déplacement

 Covid-19 en Tunisie : fermeture des écoles et restrictions de déplacement

Le gouvernement durcit le couvre-feu sur toute la Tunisie pour juguler la progression de l’épidémie de covid-19

La Tunisie a décidé, dans la nuit de mercredi à jeudi, un durcissement supplémentaire des mesures sanitaires pour tenter d’endiguer la progression de la covid-19. Le gouvernement décide aussi de limiter drastiquement les déplacements entre les régions. Les établissements scolaires et les universités garderont également leurs portes fermées temporairement. Le couvre-feu est par ailleurs avancé d’une heure en semaine.

Timing calculé ou – plus vraisemblablement – dysfonctionnement interne ? Le communiqué de la Présidence du gouvernement concernant la covid-19 en Tunisie est tombé au milieu de la nuit. C’est donc en se réveillant en ce jour de fête du Mouled que beaucoup de Tunisiens ont appris les nouvelles restrictions. Pour certains, qui avaient choisi de rentre visite à leurs familles, se pose déjà le problème de pouvoir rentrer chez eux à l’issue de ce weekend prolongé.

Dans son communiqué (en arabe), le chef du gouvernement explique avoir décidé ses mesures dans un souci de « maintien de la cohésion du système de santé ». Selon plusieurs observateurs, celui-ci risque l’implosion en raison de sa vétusté structurelle.

 

Durcissement du couvre-feu et limitation des déplacements

Le gouvernement, après consultation des ministres concernés, instaure un couvre-feu généralisé sur tout le pays. Celui-ci entrera s’appliquera avec une heure d’avance en semaine par rapport à celui déjà en vigueur dans plusieurs gouvernorats. Les Tunisiens doivent donc rester chez eux de 20h à 5h en semaine et de 19h à 5h les weekends.

Les déplacements entre régions sont désormais interdits « sauf pour nécessité de travail, cas exceptionnels pouvant être justifiés et les étudiants ». Pour ces derniers, les cours auront lieu à distance en raison de la fermeture des universités pour deux semaines.

Concernant les écoles, collèges et lycées, la réouverture du 5 novembre, à l’issue d’une semaine de vacance, ne se fera que lundi 9 novembre. Cette pause devra servir à « la stérilisation de tous les établissements d’enseignement », précise le communiqué.

 

Fermeture des mosquées et interdictions des rassemblements

Les cafés et restaurants, qui avaient obtenu le droit de rouvrir il y a quelques jours, pourront continuer à travailler. Mais, ils devront fermer à 16h et se limiter à 30 % de leur capacité en intérieur et 50 % en terrasse. Le communiqué annonce en outre un durcissement des contrôles sanitaires des établissements et la fermeture immédiate de « tous ceux qui enfreignent les règles ».

Enfin, « toutes les manifestations publiques et privées sous toutes leurs formes sont interdites » jusqu’au 15 novembre 2020 ». Les rassemblements de plus de quatre personnes sont interdits dans l’espace public « à l’exception des transports ».

Il en va de même pour les lieux de culte, qui fermeront jusqu’au 15 novembre. Le communiqué insiste enfin sur la nécessité de respecter la distanciation physique et du port du masque.

 

La Tunisie a-t-elle les moyens d’un deuxième confinement ?

Concernant le fonctionnement de l’administration, le gouvernement prolonge de deux semaines le dispositif actuel de séances décalées. Afin de faciliter la réponse sanitaire à l’épidémie, il décide suspendre les règles régissant les marchés publics pour « tous les achats liés à la lutte avec le coronavirus ». Un comité spécial dirigé par le directeur général de la santé militaire est mis en place pour superviser ces achats.

La Tunisie a relativement bien maitrisé la première vague. Elle avait rapidement fermé ses frontières et imposé un couvre-feu strict dès les premiers décès dus à la maladie. L’ouverture des frontières fin juin et une application très lâche des gestes barrières expliquent sans doute cette deuxième vague de covid-19 en Tunisie.

Comme en Europe, elle s’annonce violente, poussant la porte-parole du ministère de la Santé à tirer la sonnette d’alarme. Mais, contrairement aux pays européens, la Tunisie, dont le déficit s’annonce abyssal, aurait beaucoup de mal à affronter un nouveau confinement pour juguler l’épidémie.

 

Rached Cherif