Tunisie – Tourisme : un léger redressement pour un secteur toujours en berne

Pour son point presse du jeudi 26 août, la cellule de communication du Premier ministère avait laissé l’intervention la plus attendue de toutes pour la fin : celle du représentant du ministère du tourisme, Habib Ammar, directeur général de l’ONTT (Office National du Tourisme Tunisien).

L’émissaire du jeune ministre Mehdi Houas devait en effet dévoiler la mise à jour des résultats du premier semestre 2010, très durement impactés par le contexte sécuritaire d’après révolution du 14 janvier, en étendant le bilan à une période allant jusqu’au 20 août, une date qui coïncide pour les professionnels du secteur avec la fin de la haute saison touristique.  Cela dit tout n’est pas joué a-t-il estimé d’emblée, les réservations de dernière minute étant cette année décisives pour la relance, surtout après l’issue relativement positive qu’a connue la situation dans la Libye voisine.

1 milliard de dinars tunisiens (500 millions d’euros). C’est le montant du manque à gagner total en recettes touristiques au 20 août 2011 : 1,2 milliards de dinars contre 2,1 milliards la même période en 2010.

Quant aux entrées de touristes, elles accusent une baisse de -39% à 2,8 millions d’entrées contre 4,6 millions au 20 août 2010, soit 1.8 million de touristes en moins.

Le détail des pertes selon les différents marchés européens apporte par ailleurs quelques enseignements : c’est ainsi le marché italien, le plus proche et ayant subi le plus de flux de migrants tunisiens, qui accuse la plus grosse perte à -69%. Vient ensuite le marché allemand (traditionnellement le plus important) qui subit une baisse de –51%. Le marché français présente quant à lui une perte de -45%, pour un total européen de -48% en moyenne.

Le taux d’occupation hôtelière relatif a atteignait 29% seulement, toujours selon la même période contre 52% en 2010… C’est Djerba qui essuie la plus grosse baisse d’occupation avec la perte du quart de son pourcentage en la matière.

Le tourisme intérieur n’est pas épargné non plus puisque les nuitées des résidents ont accusé une baisse de 46,3% uniquement 1,1 million de visiteurs locaux contre près du double l’an dernier après 8 mois d’exercice.

Enfin le marché maghrébin a enregistré une baisse de 36% (-700.000 touristes), étonnamment  plus imputables au marché algérien (-43%) qu’au marché libyen (-32%).

Malgré un léger mieux par rapport à juin 2011, il y a lieu de s’inquiéter du devenir du reste de l’année 2011 qui a déjà enregistré le chiffre préoccupant de 24 unités hôtelières causant une perte d’emplois touristiques directe de plus de 3.000 emplois, sans parler des emplois saisonniers directement affectés par ce ralentissement.

Une fois encore, l’objectif clairement affiché à la lumière du calendrier électoral du pays est l’année 2012, une année à sauver à tout prix du propre aveu des autorités concernées qui ne cachent pas leur impuissance pour l’année en cours.

C’est l’un des secteurs les plus dynamiques du pays qui est en jeu, avec une contribution à hauteur de 7 % au PIB et générant jadis chaque année 20 % de recettes en devises mais surtout employant pas moins d’un demi-million de tunisiens.

S.S

Seif Soudani