ONU/Ukraine : La Tunisie vote la résolution exigeant le retrait de la Russie

 ONU/Ukraine : La Tunisie vote la résolution exigeant le retrait de la Russie

Circonspecte dans un premier temps durant les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, se contentant d’un appel convenu au dialogue, la Tunisie a finalement voté en faveur de la résolution adoptée ce soir mercredi 2 mars par l’Assemblée générale des Nations unies. Décryptage.

Le vote intervenait lors de sa 11e session d’urgence de l’ONU convoquée à propos de « l’agression russe ». Le texte exigeant le retrait immédiat des forces russes de l’Ukraine a été adopté par 141 votes pour, 5 contre (Russie, Bélarus, Erythrée, Corée du Nord et Syrie), et 35 abstentions dont celle, remarquée, de l’Algérie.

Il s’agit là d’un premier désaccord majeur dans l’axe Tunis – Alger, constitué en marge du rapprochement entre les présidents Kais Saïed et Abdelmadjid Tebboune. Axe renforcé depuis la mainmise de Carthage sur tous les pouvoirs l’été dernier en Tunisie, et qui avait notamment fonctionné à l’unisson lorsque la Tunisie s’était abstenue le 30 octobre 2021 de voter le texte de la résolution sur le Sahara marocain présenté par les Etats-Unis.

Pour de nombreux observateurs, non seulement le statut d’allié majeur non-membre de l’Otan, accordé en 2015 à la Tunisie, détermine ce positionnement, mais la crise économique et les périlleuses négociations en cours avec le FMI, laissent actuellement peu de place aux fanfaronnades souverainistes, d’autant que le gouvernement tunisien a récemment requis l’aide de la France auprès des instances financières internationales.

 

Retour à la raison

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a dans la foulée de ce vote expliqué que « la Tunisie a réaffirmé son attachement à la paix et au dialogue, estimant que la solution militaire n’a jamais prouvé son efficacité. Les pays signataires appellent à la cessation des opérations militaires en Ukraine afin de protéger des vies et créer les conditions d’une solution pacifique et permanente à cette crise », peut-on lire dans un communiqué.

« La crise actuelle en Ukraine survient à un moment où le monde se prépare à se remettre des répercussions de la pandémie de la Covid et à établir une nouvelle phase basée sur la coopération, la solidarité et l’engagement dans la promotion de l’action et la réalisation des objectifs communs. Le monde ne peut pas supporter davantage de crises de cette ampleur et de cette gravité », lit-on plus loin, ce qui corrobore la focalisation de Tunis sur les considérations d’ordre économique en cette phase déjà périlleuse pour l’économie du pays.

Car non seulement la Tunisie importe l’essentiel de ses besoins en céréales (plus de 50%) d’Ukraine mais aussi de Russie, le budget 2022 de l’Etat tunisien est par ailleurs indexée sur un baril de pétrole à 75 dollars, là où ce dernier s’envole bien au-delà des 100 dollars, des suites de la guerre engagée par Moscou.

Mercredi soir, l’AG de l’ONU a publié pour sa part un communiqué affirmant que la résolution adoptée par l’Assemblée générale « réaffirme son engagement envers la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, s’étendant à ses eaux territoriales ».

En outre, elle « déplore dans les termes les plus énergiques l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine en violation du paragraphe 4 de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies et exige que la Fédération de Russie cesse immédiatement d’employer la force contre l’Ukraine et s’abstienne de tout nouveau recours illicite à la menace ou à l’emploi de la force contre tout État Membre ».

L’Assemblée générale « exige également que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays ».

Seif Soudani