“Parler ou pas arabe en France ? Nabil Wakim raconte la « triple honte » des enfants d’immigrés”

 “Parler ou pas arabe en France ? Nabil Wakim raconte la « triple honte » des enfants d’immigrés”

Nabil Wakim raconte la perception qu’il avait de la langue arabe quand il était enfant : » une langue lointaine, moche et pleine de stéréotypes. »

Nabil Wakim, journaliste au Monde vient d’écrire un livre « l’Arabe pour tous ». Le livre est un récit à la fois intime et politique.

Il commence par dire que selon lui, la langue est taboue en France. Dans son livre, il raconte comment il a perdu sa langue maternelle. Nabil Wakim, d’origine libanaise, est allé interroger des personnes qui sont dans le même cas que lui, enfants d’immigrés, qui ont des difficultés avec la langue arabe. Et avec d’autres qui essayent de la reconquérir.

Au plein débat sur un projet de loi sur le séparatisme en France. Tandis que le débat de l’apprentissage de l’arabe à l’école est relancé, Nabil Wakim, raconte encore dans son livre « L’Arabe pour tous », publié aux Éditions du Seuil, la difficulté de s’approprier sa langue maternelle.

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La honte de parler Arabe quand on est enfant

Le journaliste raconte la perception qu’il avait de la langue arabe, quand il était enfant : » Une langue lointaine, moche et pleine de stéréotypes. » Pour tout dire, une langue dont il avait honte. A l’adolescence, encore, il avait ce réflexe très fort de se réfugier dans tout ce qui est très français. Il ressentait une sur-volonté d’intégration.  Un été, il avait lu toute la série de Zola, les Rougon-Macquart. C’est une richesse acquise par ailleurs, dit-il.

La langue arabe était la langue de la maison. « Une langue domestique pour me demander de ranger ma chambre et de manger mes falafels. » Inconsciemment, cette langue avait été confinée, plutôt que d’en faire une langue d’échange. Une langue partagée.

Arrivé à l’âge adulte. C’est le phénomène inverse qui se produit : La honte de ne pas parler Arabe. Nabil Wakim raconte sa honte vis-à-vis de sa famille. Il parle de sa grand-mère qui n’a jamais cessé de le gronder de ne pas parler « sa langue ».

Une honte de ne pas pouvoir maitriser sa langue maternelle. « Quel idiot je suis, c’est une richesse de plus« , regrette-t-il.

Nabil Wakim finit par reconnaitre qu’il s’est quelque part refusé à lui-même. Devenu père d’une fille de cinq ans, elle lui a posé la question un jour : « Papa pourquoi tu as perdu ta langue ? »

La langue arabe reste la langue de la honte, selon lui, l’arabe des immigrés n’est pas valorisé. Paradoxalement, des personnes qui ne sont pas originaires du monde Arabe apprennent l’arabe maintenant. C’est une langue d’ouverture à l’Universel.

Mishka Gharbi