Pour un Maghreb ouvert et fraternel

 Pour un Maghreb ouvert et fraternel

Kebir Mustapha Ammi


Le Maghreb a trop souffert, à son corps défendant, depuis les indépendances. Il n’appartient qu’à nous de réinventer les liens d’une fraternité longtemps rompue pour redevenir pleinement nous-mêmes. Nous, ses fils et ses filles. Il n’appartient qu’à nous de réinventer une nouvelle manière d’aborder les temps à venir pour refaire de cette terre de partage, une porte ouverte, le seuil fraternel qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.


Le Maghreb ne mérite son visage que dans le don de soi et non la discorde. Aucun discours ne peut prendre le pas sur l’insécable mémoire qui nous unit. Car demain, des hommes et des femmes nous demanderont des comptes. Ils porteront notre nom et ils auront notre visage. Notre héritage pèsera lourd sur leurs épaules. Ils  se relayeront à  la barre d’un tribunal.


Comment pourront-ils absoudre que nous ayons laissé se commettre, en notre nom, des actes inacceptables autant qu’injustifiés ? Comment a-t-on pu faire d’une frontière un mur infranchissable pendant tant d’années ? Quelle insane colère nous a fait oublier qu’une frontière délimite une terre mais ne l’enferme pas ?


Une frontière n’est pas la gardienne des préjugés savants et des calculs chauvins. Elle marque un seuil généreux qui n’attend que d’être franchi pour célébrer celui qui fait vœu de se joindre à nous. La frontière qui nous sépare doit abjurer le rôle qu’elle tient, bien malgré elle, depuis près de vingt cinq ans, et nous unir. Le temps ne joue pas forcément contre nous, puisque l’essentiel nous unit.


Le Maghreb peut être une maison accueillante, une halte lumineuse. Il attend de célébrer nos retrouvailles. Il rêve de voir les siens se donner de nouveau l’accolade sur chaque parcelle de son territoire et sous son ciel.


Il n’appartient qu’à nous de lui redonner le vrai visage, radieux, qui est le sien. Nous, ses fils  et ses filles. Il n’appartient qu’à nous d’en faire un exemple de partage, un Maghreb de fraternité. A même d’accueillir les frères, d’où qu’ils soient, en toutes saisons, car ils sont des frères, et des hôtes, par conséquent, du premier ordre.


Porte ouverte. Trait d’union entre nos passions ardentes et le monde. Un Maghreb capable de regarder les temps à venir droit dans les yeux, pour rappeler, en cas de besoin, haut et fort, qu’il ne troquera jamais la fraternité qui irrigue son âme.

Kebir Mustapha Ammi