Doha – 140e session de l’UIP : Fake news au menu

 Doha – 140e session de l’UIP : Fake news au menu

L’Emir du Qatar Sheikh Tamim bin Hamad bin Khalifa al-Thani. FAYEZ NURELDINE / AFP


Comment faire face aux fake news sans toucher à la liberté d'expression ? Telle est la question qui a marqué les travaux de la commission permanente chargée des droits de l'homme de la 140ème session de l'Union Interparlementaire qui se tient a Doha jusqu'au au 10 avril. 


Si les délégations qatarie, koweïtie et omanaise se sont mises d'accord sur la nécessité de se premunir contre ce fléau des temps modernes, d'autres parlementaires ont évoqué la difficulté de légiférer en la matière bien que tous les participants sont d'accord pour reconnaître que le phénomène se propage comme un virus affectant les individus comme les Etats.


On se rappelle comment, en pleine crise du Qatar avec l'Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte, les fake news ont été largement relayées, accompagnées de faux commentaires attribués à l'émir du Qatar. Relayées par les bots, les commentaires incendiaires attribués à l'émir de Qatar étaient ensuite amplifiés par les chaînes de télévision par satellite.


Dans cette rhétorique, l’émir semblait avoir critiqué "certains gouvernements qui ont provoqué le terrorisme en suivant une version extrême de l’islam" (référence apparente à l’Arabie saoudite), tout en louant les Frères musulmans, le Hezbollah et le Hamas, et en qualifiant l’Iran de "puissance islamique" et de force majeure de stabilité dans la région.


Après cette cyberattaque qui avait duré près de deux semaines de messages aux médias, la cyber-armée a créé une nouvelle tendance sur le hashtag sur Twitter: "Rompre les relations avec le Qatar", plusieurs jours avant l'imposition d'un embargo aérien, terrestre et maritime, accusant Doha de fomenter l'instabilité régionale.


Les députés de la délégation française ont pour leur part, évoqué l'expérience de l'hexagone dans la mise en place d'une législation adaptée. Ils craignent notamment une censure préventive, au cas où une information ne soit pas suffisamment fiable… alors qu’elle pourrait ensuite se révéler vraie. Certains députés critiquent des législations, au mieux « inapplicables » ou « inefficaces » et au pire « dangereuses pour la liberté d’opinion ».


Reste à voir comment toutes ces dispositions pourront s’appliquer concrètement, alors que le terme de fake news est difficile à définir dans un texte de loi d autant plus que les fake news ne peuvent pas se réduire à une seule définition, c’est un mélange de vrai, de faux, de sensationnaliste ou encore d’omission. Si de nombreux élus pointent les dangers de cette loi, tous s’accordent pour dire que le problème des fake news est bien réel.

Aziz Cherkaoui