Le mitard, plus systématique que jamais

 Le mitard, plus systématique que jamais

Un gardien de la prison de Caen referme la porte d’une cellule du « mitard » où les détenus sont placés en isolement. AFP PHOTO MYCHELE DANIAU MYCHELE DANIAU / AFP


Un décret durcit les conditions d’enfermement en quartier disciplinaire. Il entre en vigueur aujourd’hui et permet d’envoyer les détenus plus souvent au mitard.


Ce qui devait être une exception est en train de devenir une règle. Le 13 février dernier, le gouvernement a adopté un décret élargissant les conditions et la durée de détention au mitard. Ce texte est appliqué depuis aujourd’hui.


Il autorise l’administration pénitentiaire à enfermer les détenus pour toute une série de nouvelles infractions, comme le souligne l’Observatoire International des Prisons, structure historiquement mobilisée pour défendre, autant que faire se peut, les conditions de vie des détenus.



1er, 2e, 3e degrés



Sont par exemple créées les infractions« rébellion violente », « accès aux zones interdites », prises de son ou d’image de la prison et diffusion de ceux-ci ou encore « apologie de terrorisme ».


Les fautes des prisonniers sont classées par degré : le premier degré correspond à 30 jours de placement en quartier disciplinaire ;pour le 2e degré, c’est 14 jours, et ; enfin, le 1er degré 7 jours. Avec l’application de ce décret, plusieurs infractions ont été changées de catégories et, ainsi, permettent d’envoyer les détenus plus longtemps au mitard.


Les menaces, injures ou propos jugés déplacés à l’encontre du personnel pénitentiaire sont désormais des fautes de 1er degré. Ce qui les place, au passage, au même niveau qu’une tentative d’évasion…




Pas de contrepartie financière



L’Observatoire International des Prisons dénonce, enfin, la possibilité faite désormais à l’administration pénitentiaire de « déclasser » un détenu, c’est-à-dire de lui soustraire toute activité professionnelle ou formation exercées pendant la détention, et ce, sans lien aucun avec l’infraction commise.


Et c’est sans compter sur le nouvelle option d’exploiter les prisonniers sans contrepartie financière pour les tâches de nettoyage des cellules ou des parties communes, par exemple. Quand on sait que l’administration pénitentiaire est déjà régulièrement condamnée pour non-respect des taux minimum de rémunération des détenus…

 

Chloé Juhel