Procès de Saint-Cyr : Rachid, le frère de Jallal Hami, « dégoûté » par la décision du procureur de Rennes. 

 Procès de Saint-Cyr : Rachid, le frère de Jallal Hami, « dégoûté » par la décision du procureur de Rennes. 

L’acteur français Rachid Hami, frère de Jallal Hami – un élève officier qui s’est noyé lors d’une présumée « nuit de bizutage » à l’école militaire Saint-Cyr Coëtquidan en 2012 – lors d’une audience au palais de justice de Rennes, le 14 janvier 2021. DAMIEN MEYER / AFP

« Vous avez trahi mon frère » lançait déjà Rachid Hami, le 14 janvier dernier, en direction du juge du tribunal militaire de Rennes avant de quitter la salle d’audience.

 

Celui-ci venait alors de prononcer, après une semaine de procès, quatre relaxes et trois condamnations après la mort en 2012 de Jallal Hami lors d’un exercice de bahutage à l’école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Le procureur de la République de Rennes a annoncé ce mardi 26 janvier qu’il ne fera pas appel.

Dès le lendemain du délibéré, le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc a reçu « à titre exceptionnel » Rachid Hami et son avocat Jean-Guillaume Le Mintier. Ces derniers lui ont une nouvelle fois fait part de leur volonté de voir le ministère public faire appel de la décision.

Au terme du délai dix jours qui lui était imparti, le procureur de la République, représentant le ministère public a finalement choisi de ne pas faire appel de la décision rendue par le tribunal militaire. Il se justifie ce mardi 26 janvier dans un communiqué : « Le ministère public analyse à titre principal que le tribunal a défini un périmètre des responsabilités pénales qui retient un cadre de l’école et deux élèves officiers comme étant responsables du décès de Jallal Hami », rappelle le procureur.

« Des fautes caractérisées ont donc été constatées et sanctionnées. Il peut être observé que la décision du tribunal, constitue sans doute un point d’équilibre propre à constituer une réponse judiciaire adaptée. » Le procureur de la République de Rennes indique qu’aucun des militaires condamnés n’a souhaité faire appel de la décision rendue par le tribunal.

« Le procureur parle d’équilibre, moi je parle de déséquilibre car la décision s’inscrit en contradiction avec les réquisitions du procureur », confie Jean-Guillaume Le Mintier, l’avocat de la famille Hami. « Certains des prévenus relaxés avaient commis des fautes caractérisées en amont et en aval de l’exercice et leurs défaillances auraient dû donner lieu à une condamnation. Comment peut-on parler d’équilibre ? « 

Le frère de Jallal Hami, Rachid se dit « dégoûté » par la décision prise par le procureur de la République de Rennes. « Ce jugement raconte l’histoire de notre pays. Jallal a été trahi par ses camarades et la justice a décidé de les protéger pour ne pas qu’ils soient condamnés. Leur peine sont des peines avec sursis et elles ne seront pas inscrites à leur casier judiciaire. Ça ne va rien changer pour eux. La mort de mon frère est indélébile, gravée sur un morceau de calcaire au père Lachaise. » 

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Nadir Dendoune