Propagation du Covid-19 : L’Afrique a-t-elle sauvé sa peau ?

 Propagation du Covid-19 : L’Afrique a-t-elle sauvé sa peau ?

Carte montrant les pays d’Afrique touchés par le Covid-19

Les pays africains ne connaissent pas une propagation rapide du Covid-19, même avec très peu de moyens. Les raisons avancées par les experts africains et internationaux sont multiples, et plusieurs hypothèses sont émises…

En nombre de morts par million d’habitants, les principaux pays les plus touchés dans le monde par la pandémie du Covid-19 sont l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la France (avec les Ehpad), les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Iran, les Etats-Unis et l’Allemagne.

Au 19 mai 2020, le nombre de personnes décédées à cause du coronavirus totalise 319.000 morts sur un total de 4.81 millions de personnes reportées infectées.

En valeur absolue, ce sont les Etats-Unis qui comptent le plus de victimes avec 90.694 décès, suivis principalement du Royaume-Uni (34.796 décès), l’Italie (32.007 décès), la France (28.239 décès), l’Espagne (27.709 décès), le Brésil (16.858 décès), la Belgique (9.108 décès) et l’Allemagne (7.123 décès). Dans le monde, le nombre de guérisons s’élève à 1.79 million.

>>Lire aussi : Dr Alpha K. Keita : “Ebola est plus virulent que le COVID19”

L’Afrique et le Moyen Orient s’en sortent bien

Curieusement, le continent africain et les pays du Moyen-Orient s’en sortent bien pour le moment. La Tunisie comptabilise 45 décès, 192 décès pour le Maroc, et 555 en Algérie.

Déjà, le 22 février dernier, le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreysus, s’alarmait devant les ministres de la Santé des pays de l’Union africaine (U.A) à Addis-Abeba au regard du déficit d’infrastructures médicales qui pouvaient être rapidement submergées en cas de propagation du Covid-19. Depuis, une multitude d’études concluait à un scénario catastrophe africain. À l’heure actuelle, toutes ces études sont démenties et la catastrophe n’a pas eu lieu.

Selon le professeur Antoine Flahault, épidémiologiste spécialisé en biomathématiques et directeur de l’Institut de santé globale à Genève, intervenant sur les antennes de France 24 affirmait que « ce type d’erreur n’est pas surprenant. On a tendance à généraliser ces études mathématiques pour prédire l’évolution des pandémies, or elles servent avant tout à évaluer des situations présentes, comme le taux d’immunité d’une population. En matière de prédictions, elles sont très peu fiables et souvent catastrophistes. D’autant plus qu’il s’agit de l’adaptation d’un modèle utilisé pour la grippe, or on sait aujourd’hui que le mode de diffusion du Covid-19 est différent. »

Qu’est-ce qui pourrait donc expliquer la faible propagation du virus en Afrique ?

Tout d’abord, le continent africain a une longue expérience dans la gestion des épidémies et son personnel médical est rodé pour prendre en charge de telles crises, comme il l’a montré lors de l’épidémie meurtrière d’Ebola.

Les pays ont très vite fermé leurs frontières terrestres et aériennes, même si l’Afrique est moins connectée avec le reste du monde. Ils ont multiplié le nombre de laboratoires pour les tests Covid-19 et augmenté les capacités d’accueil des malades en aménageant les salles de conférences, les stades et autres natures de locaux.

L’Afrique a aussi tiré profit de sa pyramide d’âge. L’âge médian de la population y est de 20 ans quand on sait que 70% des cas de décès concernent les plus de 75ans.

Avec 43 habitants par kilomètres carré, contre 181 en Europe de l’Ouest ou 154 en Asie du Sud-Est, l’Afrique est peu peuplée dans la plupart de ses régions. Et les grandes capitales ont été très vite confinées.

Corrélation négative avec le paludisme

D’autres éléments d’explication sont avancés, comme la corrélation négative entre les pays affectés par le paludisme et ceux touchés par le Covid-19 selon une étude du National Health Service (NHS) et King’s College, et qu’il y aurait un effet protecteur des traitements contre le paludisme comme la chloroquine.

Une autre étude impute cette situation à la vaccination systématique du BCG qui aboutirait à une certaine immunisation de la population.

Tant que le virus circule, l’Afrique doit maintenir la garde, car une explosion de la propagation mettrait au péril des centaines de milliers de vies humaines et mettrait le continent devant une famine sans précédent et plus meurtrière que le Covid-19.

En attendant la fin de la propogation du Covid-19, le génie africain est en pleine effervescence : fabrication de masques intelligents au Maroc, de respirateurs artificiels au Maroc et au Togo, mise en place de stations de lavage automatique des mains au Bénin, d’un Corona bot en Tunisie, d’un kit de test de dépistage rapide au Sénégal, de drones de prise de température aérienne en Côte d’Ivoire, de centres d’isolation des malades à petits prix au Nigéria, du Covid-19 tracer au Ghana…

Espérons que le continent africain soit épargné, car il a d’autres combats à mener face à l’effondrement des prix des matières premières (hors or), au dérèglement climatique qui menace plusieurs centaines de millions de personnes d’une famine sans précédent, et à des mouvements migratoires massifs.

 

Malika El Kettani