BREAKING NEWS : « Les blancs » ne sont supérieurs à qui que ce soit

 BREAKING NEWS : « Les blancs » ne sont supérieurs à qui que ce soit

Portrait de George Floyd

8 minutes et 46 secondes, c’est le temps qu’il a fallu pour que le genou blanc et flegmatique d’un officier de police tue le noir George Floyd, à Minneapolis (USA). Accablé, brisé, condamné, George Floyd a pourtant bien répété 16 fois en 5 minutes qu’il ne pouvait plus respirer, avant de rendre son dernier souffle, après 8 minutes et 46 secondes d’injustice glaçante, choquante, irréel. Comment le monde entier a-t-il pu prendre connaissance de ce meurtre ? Une vidéo. Pendant ce temps, en France, un député souhaite interdire la diffusion d’images de la police nationale…

Il s’appelle Éric Ciotti, il est député LR des Alpes-Maritimes, et, le 26 mai, au lendemain de la mort de George Floyd aux Etats-Unis, il dépose une proposition de loi qui n’a, pour le moins, pas fait l’unanimité.

Soutenue par une trentaine de parlementaires et saluée par le syndicat de police Alliance, elle vise « à rendre systématiquement non identifiables les forces de l’ordre dans l’ensemble de l’espace médiatique, y compris sur les réseaux sociaux ». 

En effet, « la circulation d’images et de propos injurieux à l’encontre de nombreux policiers ou gendarmes les place très souvent dans un climat d’insécurité », et « cette situation est inacceptable, alors que nos forces de l’ordre font preuve d’un dévouement exemplaire en toutes circonstances au service de notre pays ». 

Le texte vise explicitement l’application Urgence Violences Policières qui a été lancée en mars dernier par le collectif Urgence notre police assassine qui entreprend de lutter contre les violences et crimes de la police et de la gendarmerie.

Son fonctionnement ? La diffusion instantanée dans un serveur dédié aux prises de vue pour échapper aux éventuelles destructions des supports technologiques ou aux éventuelles suppressions des images enregistrées sur le téléphone.

Pour Eric Ciotti, « Urgence violences policières a pour effet de stigmatiser les forces de l’ordre. » Pour clore en toute beauté ce projet de loi, une amende de 15.000 euros et 1 an d’emprisonnement  sont prévus pour quiconque diffusant « l’image des fonctionnaires de la police nationale, de militaires, de policiers municipaux ou d’agents des douanes ».

De petits rappels s’imposent alors : le droit à l’information est une des limites de la protection conférée par le droit à l’image. Personne ne peut s’opposer à la prise de son image, ni à sa divulgation, si le public a un intérêt légitime à être informé. En vertu du droit à l’information, une image peut donc être publiée sans l’autorisation des personnes concernées par l’événement d’actualité.

Dans un deuxième temps, « le dévouement exemplaire en toutes circonstances » auquel fait référence le projet de loi semble quelque peu éluder ces petites dérives policières qui se rendent de plus en plus visibles au grand public : déchaînement haineux et gratuit à coups de matraque brutaux, techniques policières à la violence disproportionnée et éventuellement meurtrières, humiliations et intimidations au gré du plaisir de certains officiers… Le fait est que nous aurions été dans l’incapacité d’écrire ces lignes si de tels agissements n’auraient été capturés en images.

La liste des victimes s’allonge de jour en jour non parce que celles-ci sont de plus en plus nombreuses, mais parce que leur sort est de plus en plus visible, de plus en plus médiatisé, et par là même, de plus en plus conscientisé. Ces vidéos sont d’une importance capitale et ne doivent en aucune manière être vouées à disparaître ou à faire l’objet de poursuites judiciaires : elles sont des preuves incontestables des abus d’autorité affligeants qu’exercent une certaine catégorie de policiers.

Quant à l’éventuelle « stigmatisation des forces de l’ordre », comptons bien sur le discernement de l’espèce humaine pour ne pas faire d’amalgames entre celles qui sont honorables et qui protègent les citoyens et celles qui sont méprisables et insécurisent une certaine catégorie de personnes, cette même insécurité que mentionne le texte concernant les uniformes à badge.

Nous aurions là une petite suggestion : une proposition de loi respectable serait de sagement demander aux policiers qui sont enclins aux comportements abusifs de retourner leur plaque brillante et de se mettre, comme tout le monde, à la recherche d’un métier qui correspondrait au mieux à leur tempérament.

Venons-en enfin à ce mot si puissant qui repose sur des principes si vides et si ridicules qu’est le racisme. Car si les déviances policières peuvent effectivement porter atteinte à des personnes blanches, en France et aux Etats-Unis notamment, l’immense majorité des victimes ont souvent la peau plus sombre : acajou,  beige, jaune, noisette, caramel, chocolat, café au lait, café noir… Mais diable ! Pourquoi s’attaquer à des nuances de couleur ? Parce que la couleur a été un des critères qui a permis d’appuyer l’idée de l’existence de races humaines, et du rapport inégalitaire qu’elles entretiennent entre elles…

Dans la lignée des ethnologues, notamment de Claude Lévi-Strauss, l’Américain Craig Venter, qui travaille sur le déchiffrage du génome humain, avait avancé en juin 2000 les résultats de ses recherches :

BREAKING NEWS N°1: Il n’existe pas de races humaines. En séquençant pour la première fois le génome humain, ce chercheur, entouré d’une équipe de généticiens américains a mis un point final au concept de race, scientifiquement illégitime.

BREAKING NEWS N°2 : Tous les êtres humains actuels sont, au sens propre, des Africains. Depuis, le brassage génétique est permanent au sein de notre espèce Homo sapiens sapiens. Aujourd’hui, les études génétiques ont permis aux scientifiques de reconstituer une sorte d’arbre généalogique des populations humaines, qui pourraient entraîner bien des chutes de tension…

BREAKING NEWS N°3 : Il n’existe pratiquement aucune variation entre l’ADN de deux humains pris au hasard… Ils sont semblables à 99,9%. Mais plus que cela, les diversités génétiques et physiques humaines sont plus fortes entre les individus d’une même population qu’entre les populations. Nous sommes, dorénavant, au bord de la crise cardiaque…

Les esprits suprémacistes ont vraisemblablement du mal à ré-agencer leurs connexions neuronales et se mettre à la page… Mais ne baissons pas les bras, les scientifiques ont fait une découverte pleine d’espoir : la plasticité cérébrale. Le cerveau est bien capable de se modifier.

Il en reste qu’il est tout simplement aberrant qu’au 21ème siècle, l’on se batte toujours contre les inégalités au sein des Homo sapiens sapiens.

Malika El Kettani