Julie, habitante du 16ème à Paris : « Où sont les flics ? »

 Julie, habitante du 16ème à Paris : « Où sont les flics ? »

Relâchement des Parisiens en temps de confinement. Paris


Julie, habitante du 16e arrondissement de Paris ne décolère toujours pas. « Hier, au jardin du Ranelagh, c’était un dimanche ordinaire. Il y avait des familles entières, groupées, les enfants jouaient ensemble. Comme si de rien n’était. Les gens ne respectaient pas du tout les distances de sécurité », raconte-t-elle excédée, alors que la jeune femme, 39 ans, maman d’une fille et d’un garçon, était en route pour aller chercher ses enfants chez le papa à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine. 


« Je vis près du métro Passy et il y a zéro flic dans le 16e. Depuis le début du confinement, je n’ai jamais été contrôlée, alors qu’il m’arrive de sortir soit pour le travail, soit pour aller faire mes courses, ou aller voir mes enfants », explique encore Julie. « En trois semaines, je n’ai jamais eu à montrer mon attestation », affirme-t-elle. 


Même son de cloche pour Azedine qui réside à deux pas de la Tour Eiffel. « Je peux vous garantir que lorsque je sors faire mes courses, je constate qu'il y a encore énormément de personnes qui ne respectent pas le confinement. Certains ne respectent pas les distances de sécurité, d'autres font du sport collectivement, des ballades en groupe, pire il m'arrive parfois de croiser des enfants livrés à eux-mêmes dans la rue… », soutient ce jeune réalisateur. 


« Pour couronner le tout, il y a très peu de présence policière. Depuis le début je ne me suis pas fait contrôlé une fois. Et je n'ai jamais vu personne se faire contrôler. Comme si nous autres, habitants des beaux quartiers, avons un totem d'immunité face à ces contrôles », tâcle ce trentenaire.


Gérard, 70 ans, qui vit dans un immeuble cossu du 16e rue Raynouard, à l’angle de la rue Ranelagh tient le même discours. « Les policiers sont stationnés au Trocadéro, mais dans mon quartier, je ne les vois pas. Hier (NDLR : dimanche 5 avril), il faisait très beau et de mon balcon, j’ai vu énormément de monde dehors. Je peux comprendre qu’avec ce soleil, les gens ont voulu prendre l’air », tente de minimiser Gérard. « Dans mon immeuble, on discute beaucoup et je ne connais personne qui a été verbalisé », avoue-t-il gêné. 


A deux pas de l’église d’Auteuil, Corinne fulmine : « Je respecte le confinement à la lettre. Mes quatre enfants n’en peuvent plus, mais ils ont compris que rester chez soi, c’est sauver des vies », lâche-t-elle excédée. « Où sont les flics ? », demande-t-elle. 


« Ils sont en Seine-Saint-Denis », raille de son côté Julie. « Des amis qui vivent dans le 93 m’ont raconté qu’à chaque fois qu’ils sortent, ils sont contrôlés ». 


Début avril, le préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, avait affirmé que les contrôles allaient se durcir dans le 93. Mounia en a fait les frais. Le 2 avril, cette habitante de l’Ile-Saint-Denis qui travaille dans un Ehpad, a écopé d’une amende de 200 euros. « Mon employeur m’a envoyé faire un dépistage comme c’est le cas pour tous les aides-soignants. J’ai montré aux policiers ma convocation et le justificatif de mon employeur, mais ce n’était pas suffisant pour eux. Tout ça parce que je n’avais pas rempli mon attestation », peste-t-elle. 


Pour la Préfecture de Police de Paris, « il n’y a aucun favoritisme. Les contrôles se font dans tous les quartiers de la ville ». Elle rappelle justement qu’un « grand contrôle a eu lieu ce matin (NDLR: lundi) Porte d’Auteuil », précisant que l’opération n’a « rien à voir avec les images de relâchement dans les beaux quartiers de Paris qui ont tourné en boucle ce week-end dans les médias ». « Elle était prévue à l’avance », soutient la Préfecture. 

Nadir Dendoune