Violences faites aux femmes : les étrangères plus vulnérables

 Violences faites aux femmes : les étrangères plus vulnérables

24 novembre 2018 – Marseille. Plus de 2000 personnes ont défilé dans les rues de Marseille pour la journée contre les violences faites aux femmes. THEO GIACOMETTI / HANS LUCAS / AFP


Ce week-end avait lieu la Marche contre les violences faites aux femmes, l'occasion d'alerter sur la situations des étrangères en France.


Dépendance


S'il y a une vraie prise de conscience autour des violences faites aux femmes, la situation des femmes étrangères inclut des difficultés supplémentaires. Adoptée en septembre dernier, la loi pour « une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie » n'a pas amélioré les conditions de protection de ces femmes. Pour être protégées, les étrangères doivent : être conjointes de Français, mariées à des étrangers et entrées en France dans le cadre d’un regroupement familial ou être bénéficiaires d’une ordonnance de protection. Des conditions accentuant une situation de dépendance économique et administrative vis-à-vis de leur compagnon. Seule l'ordonnance de protection permet de protéger les femmes dans toutes les situations matrimoniales, mais cette alternative reste sous-utilisée.


Pratiques abusives


Les femmes étrangères victimes de violences doivent non seulement faire face à des conditions de protection draconiennes, mais elle doivent également faire face à une administration aux pratiques pouvant être questionnées, selon le collectif Action et Droits des Femmes Exilées et Migrantes (ADFEM) : « Les préfectures réclament des documents qui ne sont pourtant pas requis par la loi, comme un jugement de divorce pour faute, une condamnation de l’époux violent, une ordonnance de protection etc. Certaines exigent expressément la présence de l’époux violent ! ». De réels obstacles à une réponse positive suite à l'examen de la demande.


Particularité algérienne


Le collectif ADFEM met également en lumière la situation particulière des ressortissantes algériennes, du fait des relations particulières entre la France et l'Algérie : « Leur statut est exclusivement régi par l’accord franco-algérien signé le 27 décembre 1968. Or, ce texte ne prévoit rien pour les personnes victimes de violence. Par conséquent, elles ne bénéficient d’aucune protection ».


Dans ce long combat contre les violences faites aux femmes, la victoire ne sera totale que si elle concerne toutes les femmes.

Charly Célinain