We Love Curls : se réconcilier avec son identité capillaire

 We Love Curls : se réconcilier avec son identité capillaire


Se défaire des injonctions sociales, se réconcilier avec son identité et apprendre à s’occuper de son cheveu bouclé, frisé ou crépu, c’était l’objectif du rendez-vous We Love Curls organisé par la journaliste Karima Peyronie, le 27 juin. Un seul mot d’ordre : la boucle n’est pas une tare.


« Comment ça se fait que je n’accepte pas mes cheveux ? », c’est la question qui a poussé Karima Peyronie, journaliste pour Gazelle Magazine et animatrice des podcasts de Kari, à organiser une masterclass dédiée à la boucle sous toutes ses formes, le 27 juin. Au sein du studio 365, à Paris, cette Franco-Algérienne d’origine a voulu articuler cette soirée autour de divers ateliers croisant conseils pratiques, débats sur les injonctions sociales liées aux cheveux bouclés, frisés, crépus ou encore DIY[1] pour ne pas se ruiner dans l’entretien de sa chevelure à la réputation « indomptable ».


Toutefois, comme le rappelle la journaliste, bien s’occuper de ses boucles passe aussi par une acceptation identitaire de son cheveu. Une position que partage Yassin Alami, co-fondateur du mouvement Hrach is Beautiful, ayant fait le déplacement pour l’occasion. « Il y a tout un imaginaire autour du cheveu frisé, il n’y a qu’à regarder les films français : très souvent lorsque la femme maghrébine est représentée rebelle ou hors cadre, elle a les cheveux frisés. À l’inverse, dès qu’elle rentre dans les rangs, elle a les cheveux lisses », expose-t-il.


Des critères de beauté occidentaux


L’héritage postcolonial joue donc un rôle non négligeable dans la définition des critères de beauté. « Ça fait vraiment peu de temps que j’ai réalisé que je complexais d’avoir cette masse de cheveux sur la tête parce que j’avais moi-même intériorisé les codes occidentaux de la beauté », avoue une participante. « Depuis toute petite, j’ai senti que mes cheveux était une différence. Au final, si nos cheveux sont indomptables, c’est aussi parce que c’est difficile de trouver de bons coiffeurs et que l’on n’utilise pas toujours les bons produits. Ça force aussi un peu à l’introspection », poursuit son amie en souriant.


Sur les murs du studio, c’est cette relation parfois compliquée qu’entretiennent, notamment les femmes maghrébines, avec leur chevelure qu’a tenté de retranscrire de façon imagée l’exposition de l’artiste Hind Ben Jabeur en mêlant dessin, calligraphie arabe et poésie. Une relation qui semble alors avant tout passer par l’acceptation de soi et la déconstruction des impératifs sociaux.


Des conseils pour chaque boucle


Mais au-delà de cette dimension socioculturelle, qu’en est-il d’un point de vue pratique pour ceux et celles qui souhaitent assumer leurs cheveux naturels ? Une autre problématique au centre de cette soirée durant laquelle des professionnels ont pu partager leurs conseils avisés pour les cheveux « en transition », soit longtemps dénaturés par les lissages et autres soins inadaptés à répétition. Dormir sur un oreiller de soie ou avec une charlotte sur la tête, ne pas confondre huile et hydratation, faire du conditionneur son meilleur allié, autant d’astuces pour faire de sa boucle une force.« La patience, c’est le maître-mot pour obtenir un résultat satisfaisant », souffle au public Magali de Miss Mag.





[1] Do It Yourself


 

Manon Dognin