Surpopulation carcérale : nouveau record et « frénésie punitive »

Illustration : Centre de détention de Saint-Étienne-La Talaudière, dans le centre-est de la France, le 18 janvier 2024. OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
Les records de surpopulation carcérale continuent de tomber. Vu les politiques mises en place, l’Observatoire international des prisons (OIP) s’inquiète pour l’avenir.
Hormis deux mois de stagnation, les chiffres de la surpopulation carcérale en France ne cessent d’augmenter depuis 20 mois. Au 1er juin 2025, 84 447 personnes étaient détenues, pour une capacité opérationnelle de 62 566 places.
Par ailleurs, 5 842 personnes dormaient sur un matelas posé à même le sol. Sur la dernière année, les prisons françaises comptaient 6 567 détenus de plus, 10 748 sur les deux dernières années. Des chiffres toujours plus étourdissants qui inquiètent l’Observatoire international des prisons (OIP).
Des conditions de détention déplorables, que la période de fortes chaleurs que connaît la France actuellement pourrait rendre encore plus invivables.
Une anomalie persistante
Selon « une projection calquée sur le rythme constaté depuis janvier laisse entrevoir une population détenue avoisinant les 90 000 personnes fin 2025, bien au-delà des 87 000 que le gouvernement envisage pour… 2027 », annonce l’OIP dans un communiqué (30 juin).
Pourtant, les avertissements se multiplient. En 2020 et en 2023, la France était condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour des conditions de détention indignes.
Le 12 juin dernier, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, chargé du suivi de l’exécution de l’arrêt de 2020, appelait une nouvelle fois l’État français « à examiner sérieusement et rapidement l’idée d’introduire un mécanisme national contraignant de régulation carcérale ».
« Révolution pénale »
L’OIP déplore que « alors que l’urgence exigerait un sursaut politique, c’est la frénésie punitive qui l’emporte ». À rebours des nombreux avertissements reçus par la France, début juin, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, annonçait persister dans sa volonté de « clarifier » les peines et « repenser » la prison, avec une « révolution pénale ».
« Il faut permettre aux magistrats d’apporter une réponse rapide, ferme et proportionnée, dès le premier acte de délinquance, en leur donnant un cadre juridique cohérent autour de quatre peines seulement (…) : la prison, la peine de probation, les amendes et jours-amendes, les interdictions/obligations », expliquait le garde des Sceaux.
Pour Dominique Simmonot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), la plupart des propositions de Gérald Darmanin visaient à allonger les peines plutôt qu’à développer la réinsertion des condamnés, une solution appliquée avec succès en Allemagne.