Affrontements à El Ouardia après une bavure présumée

 Affrontements à El Ouardia après une bavure présumée

Affrontements dans la banlieue sud de Tunis


Vives tensions mercredi après-midi à El Ouardia et à Lacania, quartiers de la banlieue sud de Tunis, en marge des funérailles d’un jeune homme arrêté la veille pour possession de cannabis.




 


Mardi soir 6 octobre, Kais Ben Rhouma, 33 ans, avait subi un contrôle de routine qui a fini au poste de police d’El Ouardia pour suspicion de consommation de drogues. Selon des témoins, il aurait été plaqué au sol et assailli de coups par les policiers dès le moment de son arrestation, pour y avoir résisté.


 


« Lacania brûle »


Son corps sans vie et autopsié est remis à sa famille le lendemain par la brigade de lutte contre les stupéfiants, avec des traces de mauvais traitements dont les photos circulent rapidement sur les réseaux sociaux. Contactés par Le Courrier de l’Atlas, ses proches, dont son père Abdelmajid Ben Rhouma, a affirmé « Mon fils a été sauvagement torturé, nous exigeons une enquête ».


Dans le quartier voisin de Lacania, des jeunes ont dressé des barricades et brûlé des pneus pour bloquer l’accès routier principal. A l’heure où nous écrivons ces lignes, émeutes et tirs de gaz lacrymogène continuent de plus belle…  


 


La politique du tout répressif


Selon une source policière, les forces de l’ordre ont récemment commencé à recevoir une prime de 2 dinars et 500 millimes pour chaque arrestation effectuée, dans le cadre des encouragements à faire du chiffre. Ce qui explique durant le seul weekend du 5 octobre 2015, le centre de détention provisoire de Bouchoucha a reçu 800 détenus pour le seul grand Tunis, un record, dont la plupart ont été arrêtés pour état d’ébriété et trouble à l’ordre public.


En novembre 2013, Walid Denguir, 32 ans, arrêté dans le quartier de Bab Jedid à Tunis pour trafic de drogue, est décédé dans un commissariat dans des circonstances similaires. Malgré les promesses des politiques, l’actuel gouvernement n’a toujours pas amendé la très stricte loi 52 relative à l’usage de produit stupéfiants.


Selon les chiffres officiels de l'administration pénitentiaire, plus d'un tiers de la population carcérale en Tunisie est détenue pour drogue, l'écrasante majorité pour consommation de cannabis.


 


Seif Soudani




 

Seif Soudani