Courir après un ultra mirage !

 Courir après un ultra mirage !

Rachid Elmorabity


130 coureurs ont pris part à la deuxième édition de ce 100 km dans le désert tunisien avec à leur tête le champion marocain Mohammed el Morabity. Immersion parmi eux. 


Il est sept heures du matin. Au pied du village où fut filmé la saga StarWars, à 40 minutes de Tozeur, est donné le coup d’envoi du 2ème Ultra Mirage.


Plein d’espoir, 130 coureurs s’élancent. Bien-sûr, il y a les paysages fabuleux, les dunes, les lacs inattendus, l’ombre des palmeraies,  la fraîcheur des oasis, le silence quasi absolu du désert si ce n’est le bruit des pas sur le sable et le vent qui fait vibrer les dossards. Et puis parfois, les gazouillis d’un oiseau, les gerboises qui filent, les chameaux qui passent, le serpent qui laisse la trace de son passage, les mouches qui agacent, la guêpe qui menace et puis la chaleur tenace, le soleil qui écrase. Et enfin de parcours la lune rousse et la nuit étoilée pour les heureux qui ont pu finir ce 100 km que même des aguerris ont dû abandonner.


Comment continuer à courir quand les pieds s’enfoncent dans le sable, que les chaussettes se remplissent, que les ampoules s’allument sur les orteils et la plante des pieds et que la température monte jusqu’à 42 et que l’eau qu’on vous propose est idéale pour une infusion ?


Une compétition internationale


Il faut avoir un grain… Ce grain ils étaient 130 coureurs venus de 23 pays à l’avoir. Parmi eux 30 femmes, contre sept lors de la première édition qui avait réuni 60 participants en tout.


Parmi eux l’élite de l’Utra-trail, les frères Elmorabity, le cadet, Mohamed, vainqueur l’an dernier, se classe troisième lors de cette édition remportée par son aîné Rachid*. D’ailleurs, il a beau être six fois vainqueur du Marathon Des Sables, à l’arrivée il s’effondre dans les bras d’Amir Ben-Gacem, l’initiateur de la course.


« C’était difficile », admet-il  et le cadet de renchérir qu’il a eu très « envie d’abandonner » car c’était la première fois qu’il vomissait pendant une course. Si les champions ont souffert, que dire des autres ? « Tous les participants de cette édition sont des super-héros, vous êtes tous des super-héros », déclare Amir Ben-Gacem pour consoler ceux qui s’attendaient à un parcours plus roulant. Ils n’avaient pas prévu les guêtres.


L’organisation avait estimé que ce n’était pas nécessaire mais la tempête de sable qui avait soufflé quelques jours plus tôt avait rendu le parcours plus ardu. Comme si les interminables lignes droites et le soleil de plomb ne suffisaient pas, le sable s’était déposé sur les chemins pour mieux enliser les foulées.


Pour autant cette course n’a pas viré au cauchemar. Même ceux qui ont vu leur rêve de médaille s’évaporer comme un mirage car ils ont dû abandonner ou ont été disqualifiés pour non respect des barrières horaires, ont épongé leur sueur et séché leurs larmes. Ils ne gardent en mémoire qu’une parenthèse enchantée. Ils sont déjà prêts à s’inscrire à la prochaine édition. Pourquoi ? D’abord, parce que malgré tout le désert est magique et quand on y a goûté on a qu’une a envie : revenir l’apprivoiser ! Ensuite, les bénévoles sont aux petits soins que vous appartenez aux élites ou que vous soyez un banal amateur !


De belles personnes


Et aussi parce qu’à l’Ultra Mirage, on rencontre de belles personnes. Parmi eux Samir El Bidadi, un traumatisé crânien devenu ultramarathonien. Il y a 16 ans suite à un accident de la route, cet ancien basketteur a passé plusieurs mois dans le coma (stade 4). Aujourd’hui, pour fêter son retour à la vie il a entrepris de courir 16 marathons dont des ultras.


Chefia Hendaoui, 39 ans, prof d’italien à Sousse et arbitre de foot à ses heures perdues. Elle s’est lancée dans cette course pour voir de quoi elle était capable. Cette Tunisienne finit troisième sur le podium féminin.


Et puis last but not least, Najet Slimane, la doyenne des ultra-miragistes, 62 ans finisher pour la deuxième année consécutive. « Je suis la plus âgée mais je ne serai pas la dernière », avait-elle pronostiqué la veille de la course. Pari relevé haut la main bien que Najat lutte depuis un an contre un cancer qui lui a valu une intervention chirurgicale il y a moins de deux mois. Un prix spécial lui a été attribué. Envie d’appartenir à la famille des ultra-miragistes ? Les inscriptions s’ouvrent dans quelques semaines.


Podium complet sur https://www.ultramirage.com/

Fadwa Miadi