En pleine gestation, le Parlement se dote d’un nouveau bloc

 En pleine gestation, le Parlement se dote d’un nouveau bloc

A droite


En se dotant au minimum de 40 à 42 députés, le nouveau « Bloc démocratique » devient de facto la deuxième force politique d’une Assemblée des représentants du peuple (ARP) en cours de reconfiguration, supplantant ainsi le bloc Qalb Tounes (38 députés). Pour certains, il s’agit là du signe que ses composantes feront nécessairement partie de l’opposition. Pas si sûr. 


L’avocat et député du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, a fait savoir le 27 novembre qu’une demande de constitution du bloc démocratique a été déposée au bureau du secrétariat du président de l’ARP. Le bloc en question regroupe essentiellement les députés du Courant démocrate (Attayar), du mouvement “Echaâb” (nationalisme arabe), et d’autres partis ainsi que des parlementaires indépendants.


Avec sa quarantaine d’élus, le bloc affiche une supériorité numérique inattendue, comparé au parti de Nabil Karoui, au sein d’un Parlement que l’on pensait plus éclaté, de prime abord. Pour ce faire, ses acteurs ont dû mettre de côté les nuances politiques qui les séparent, en se focalisant sur un dénominateur commun : un centre-gauche plutôt progressiste, généralement hostile à l’islam politique, du moins aux « Frères », comme les membres d’Echaâb aiment toujours à qualifier Ennahdha (54 députés depuis que deux indépendants aient rejoint ses rangs, toujours mercredi).


    


Qu’est-ce qu’un « bloc technique » ?


« Le Bloc démocratique sera un bloc technique », a aussitôt précisé Chaouachi. Cet euphémisme, c’est sans doute une façon de faire taire en amont les critiques qui déjà fustigent pareille entente, entre le parti de Mohamed Abbou (Courant démocrate), un chef historiquement allié des islamistes, et le fait que le nouveau bloc compte parmi ses rangs des députés de la gauche radicale tels que Mongi Rahoui et le syndicaliste Adnène Hajji, surnommé « le lion des mines ».


La présidence de ce bloc devra, selon un accord convenu, alterner annuellement entre le Courant démocrate et le mouvement “Echaab”. Ghazi Chaouachi assurera de ce fait la présidence dudit bloc durant la première année du mandat parlementaire, apprend-on également.


Pour le député du Courant démocrate (Attayar) Noômane el Euch, la création d’un bloc parlementaire « fort », regroupant les deux partis (22 députés d’Attayar et 15 députés du mouvement Echaâb) aura un rôle important à jouer dans le processus de formation du prochain gouvernement et dans l’action de l’Assemblé. « Une incongruité » pour certaines bases des deux partis qui ne se voient en aucun cas gouverner dans une coalition qui les regrouperait avec Ennahdha.


Le député Hatem Mabrouki du mouvement Echaâb s’est quant à lui montré plus mesuré, en expliquant que la formation d’un bloc commun regroupant les députés d’Echaab et d'”Attayar” lui permettra d’être « une force de proposition aussi bien à l’intérieur qu’en dehors de l’ARP ». Voilà qui laisse donc une certaine marge de manœuvre à cette entité, de sorte de ne pas perdre la face au cas où cette nouvelle force parlementaire venait à participer au gouvernement Jemli, au risque d’apparaître comme un bloc hybride, avec un pied dans le pouvoir, l’autre pied dans l’opposition.




 

Seif Soudani