Les Tunisiens et la lecture : un paradoxe tunisien

 Les Tunisiens et la lecture : un paradoxe tunisien

Impressionnante file d’attente à l’ouverture des portes de la Foire du livre de Tunis


Réalisé début avril courant sur un échantillon de mille personnes âgées de plus de 15 ans et issues de toutes les régions du pays autour de la question « les Tunisien et la lecture des livres », le dernier sondage d'Emerohd consulting, aux résultats aussi édifiants que peu reluisants, coïncide avec la tenue de la Foire internationale du livre du Kram qui connait pourtant un engouement record.


« Hormis le livre saint du Coran, les journaux, les revues, les magazines et les livres scolaires des enfants, possédez-vous des livres dans votre foyer ? » C’est la question subtilement formulée par l’enquête Emerohd.




Une proportion étonnamment franche de 74% des sondés ont répondu par non, 25% oui, tandis que 1% ont refusé de répondre à cette question. À la question, « Avez-vous acheté un livre, durant les 12 derniers mois, en dehors du Saint Coran, des journaux, magazines ou livres scolaires ? » Là aussi pas moins de 90% ont donné une réponse négative, 9% ont répondu par oui, et 1% ont refusé d’y répondre.




A la question « Avez-vous lu un livre, durant les 12 derniers mois, en dehors du saint Coran, des journaux, magazines ou livres scolaires ? » 85% ont répondu non et 15% oui, soit des chiffres en adéquation avec les statistiques précédentes…




Enfin, à la question : « Pensez-vous que d’ici 2030 l’Internet va remplacer les livres ? », 55% ont affirmé que oui, 9% ont estimé que c'est probable, 29% ont donné une réponse négative, et 8% disent ne pas savoir. Des chiffres mitigés, signe que l’avènement du numérique ne saurait à lui seul expliquer le désamour des Tunisiens pour les livres.


 


Au Kram, une foire qui rime avec espoir


Confiée pour la deuxième année consécutive dans sa direction à l’écrivain et ancien recteur de l’Université de la Manouba Chokri Mabkhout, la 34ème édition de la Foire internationale du Livre à Tunis se tient cette année du 6 au 15 avril 2018. 


Sur les réseaux sociaux, les images de ces Tunisiens manifestant un intérêt évident vis-à-vis de la lecture et du livre tranchent avec les chiffres catastrophistes à répétition selon lesquels le tunisien lirait à peine un livre en moyenne par an. Serions-nous alors au Kram en présence d’une sorte de condensé d’élite visible ? Pas tout à fait, si l’on considère aussi le facteur des prix attrayants qui attirent les foules ou créant du moins un intérêt occasionnel.


A noter que toujours sur les réseaux sociaux, des internautes ont alerté le directeur de la Foire qui a aussitôt fait retirer un livre pour enfants faisant l'éloge du jihad titré « Allahoma Arzokni Echahada » (Dieu, faites que je meurs en martyr) et clôturé le stand en question sur fond de polémique, tout en affirmant « le caractère moderniste et conforme à la Constitution tunisienne » de la Foire.


775 éditeurs représentant 32 pays arabes et étrangers dont 126 éditeurs Tunisiens ont été enregistrés cette année. S’agissant des exposants, leur nombre a atteint 259, représentant 25 pays, en plus de 111 exposants tunisiens. La Russie est par ailleurs l’invitée d’honneur de la section jeunesse de la Foire. Plus de 80 activités culturelles et animations sont au programme de cette édition dont une partie est réservée aux enfants et à la jeunesse.


 


Seif Soudani

Seif Soudani