Loi de finances 2018 : le grand oral

 Loi de finances 2018 : le grand oral


Le fraîchement investi ministre des Finances Ridha Chalgoum, a entamé devant les parlementaires l’exercice périlleux de la défense de « sa » loi, un texte qualifié de « guerre ouverte » contre les Tunisiens et la classe moyenne par l’opposition. Sans complexes, le ministre a indiqué que la loi des finances 2018 prévoit une réduction des impôts directs des entreprises de l’ordre de 3,1 % par rapport à la loi des finances 2017. 



Répondant aux interrogations des députés lors d'une audition devant la Commission des finances de l'ARP, Chalgoum a souligné que son département compte sur « l'ajustement du soutien pour les produits de première nécessité et aux carburants en maitrisant les circuits de distribution et diversifiant l'offre", a-t-il précisé. En clair, il s’agit conformément aux requêtes du FMI de mettre fin progressivement au programmes jugés archaïques de subvention des produits de première nécessité et d’ajustement de la devise qui auraient coûté à l’Etat près d’1 milliard de dinars.


Discrètement, la Banque centrale tunisienne a d’ailleurs établi une liste de « produits importés non essentiels », en vue de bloquer les fonds destinés à leur importation.


Le ministre a précisé par ailleurs qu'un montant de 1500 MD sera consacré au soutien des carburants et en cas de hausse des prix, l'Etat couvrira 5 % des hausses, sans surpasser le plafond de compensation. Interrogé sur l'augmentation des prix des boissons alcoolisées, Chalgoum a indiqué que la hausse cible les produits « seulement quelques produits importés ».


Le ministre a fait savoir par ailleurs que le code fiscal a été mis à jour et que des concertations sont en cours avec la présidence du gouvernement sur la formule de sa promulgation. En attendant, signe que l’Etat « ne rigole plus avec la fiscalité », une nouvelle police fiscale est d’ores et déjà à pied d’œuvre.


 


Les critiques fusent à propos des « rafistolages »


Les projets de budget de l'Etat et celui de la loi de Finances pour l'exercice 2018 ont suscité, mardi de vives critiques aussi bien de la part des députés de la coalition au pouvoir que ceux de l'opposition, lors de la première réunion de la Commission des finances, de la planification et du développement, consacrée à la discussion des deux projets.


Bien qu’élu d’un parti au pouvoir, le député de Nida Tounes Fadhel Ben Omrane a estimé que la loi des finances 2018 « ne répond pas aux aspirations des Tunisiens », critiquant l’absence de cohérence entre le discours officiel et la volonté réelle de relancer les efforts de développement dans les régions.


Intervenant mardi lors de l’audition du ministre des finances sur le projet de loi des finances 2018, Ben Omrane s’est prononcé pour l’augmentation des dépenses pour le développements estimées à 5743 millions de dinars au lieu de les maintenir au niveau des montants prévus par la précédente loi des finances, conformément au projet de la prochaine loi des finances. L’élu a indiqué que le relèvement d’un point de la TVA va automatiquement entraîner une hausse de l’inflation qui s’établirait à 5,7 %.


Les parlementaires ont estimé que les textes proposés manquent globalement de visions politique et économique claires, allant jusqu'à affirmer qu'il s'agit « d'un simple calcul pour préserver les grands équilibres généraux de l'Etat, loin de toutes solutions fondamentales et nécessaires à l'économie du pays ».


Le député Mongi Harbaoui a déclaré pour sa part que le projet de loi de finances « manque de mesures concernant la lutte contre l'économie informelle et la contrebande et de mesures pour la réduction des dépenses des entreprises publiques ».


Intervenant au nom des libéraux d’Afek Tounes, la députée Rim Mahjoub a estimé que « les solutions existent, mais les députés n'ont pas été associés lors de l'élaboration du projet de loi de finances 2018 ».


Les députés ont également souligné la nécessité de réviser les mesures concernant le secteur touristique, appelant à conférer davantage d'efficience au système de contrôle fiscal et au recouvrement des impôts.


Hasard ou non du calendrier, la Société Tunisienne de Banque (STB) a annoncé aujourd’hui vendredi la création d’une société d’un genre inédit de « gestion des hôtels en difficulté » en Tunisie.


 


Seif Soudani


 


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Seif Soudani