Tourisme : la BCT annonce des résultats catastrophiques
Les chiffres de sa note de conjoncture viennent de tomber : à l’issue de son Conseil du 29 juillet, la Banque centrale tunisienne, qui passait en revue les principaux indicateurs nationaux, a révélé des chiffres alarmants pour le secteur du tourisme.
Ainsi les recettes touristiques ont été divisées par deux par rapport à l’année référence 2010. Des chiffres qui reflètent à peine les conséquences de l’attentat du 26 juin à Sousse :« les principaux indicateurs d’activité du secteur touristique ont poursuivi, en juin 2015, leur évolution baissière. Ceci a concerné, notamment, les nuitées touristiques globales : -35,6% et -44,9% en comparaison avec le même mois de 2014 et de 2010, respectivement, les entrées de touristes étrangers (-36,7% et -38,4%) et les recettes en devises (-23,6% et -20,3 %) ».
Si l’attaque du musée du Bardo est clairement répercutée par ces chiffres, il est à craindre que les mois de juillet et août vont pâtir davantage encore des annulations liées au contexte sécuritaire : des professionnels du secteur estiment en effet à 70% les pertes pour l’ensemble de la haute saison, et « des réservations proches du 0 pour le mois de septembre ».
Face à cette situation, la BCT a publié une circulaire dans laquelle elle annonce une série des mesures « exceptionnelles » en faveur des professionnels du secteur du tourisme : elle prévoit le rééchelonnement des dettes des hôteliers, et des « crédits exceptionnels » pour les professionnels du tourisme, remboursables sur sept ans et avec deux ans de grâce, à condition que cela ne dépasse pas les 10% des capitaux propres de l'entreprise bénéficiaire.
Un plan très critiqué par certains économistes et juristes, à l’instar de Jaouhar Ben Mbarek, qui dénonce un mépris total pour les droits du personnel et de la main d’œuvre, totalement absents du texte, alors qu’ils risquent des licenciements d’une ampleur inédite.
Intervenant sur la Radio nationale, un représentant de la chambre patronale des hôteliers a fustigé jeudi le manque d’initiative de certains gérants d’hôtels de luxe qui rechignent à baisser leurs prix, prétextant des frais importants (les factures d’électricité se comptent en plusieurs dizaines de milliers de dinars pour le seul mois de juillet pour un établissement moyen), au moment où d’autres hôtels en « all inclusive » ont cassé leurs prix à 100dt / jour (moins de 50 euros).
S.S