Une plateforme pour mieux recenser les agressions antimusulmanes

Rassemblement en hommage à Aboubakar Cissé, fidèle tué dans une mosquée à La Grand-Combe, et contre l’islamophobie, place de la République à Paris, le 27 avril 2025. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
L’Etat et l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans vont lancer une plateforme de signalement en ligne.
En 2024, 173 faits antimusulmans ont été officiellement comptabilisés, 52% relatifs à des atteintes aux biens et 48% portant sur des atteintes aux personnes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Bruno Retailleau avait lui-même reconnu que ces chiffres étaient « sans doute en deçà de la réalité ».
Une plateforme de signalement en ligne, gérée par l’Addam (l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), va être lancée avant la fin du mois de mai. Elle devrait permettre « d’apporter des données tangibles aux législateurs », avec des « chiffres plus proches de la réalité », précise l’Addam.
Libérer la parole
Pour expliquer que les victimes sont aujourd’hui peu enclines à faire part de leurs agressions, Mathias Ott, le nouveau délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) avance plusieurs raisons: « une forme d’auto-censure probablement, de crainte aussi, et puis un sentiment d’inutilité de la démarche ». « Le but des pouvoirs publics est d’inciter à libérer la parole, à porter plainte et montrer qu’il n’y a évidemment pas d’impunité dans ce domaine », poursuit le délégué interministériel.
Deux poids, deux mesures
Plusieurs jours après la mort d’un jeune musulman dans une mosquée du Gard, par un homme insultant à deux reprises la religion de sa victime, l’émotion est grande dans la communauté qui déplore un « deux poids deux mesures », le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est rendu sur place, seulement 48h après le meurtre à la sous-préfecture d’Alès.
La semaine dernière, les représentants des institutions musulmanes ont été reçues par le président de la République. Elles ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant ».
Les trois premiers mois de l’année ont enregistré une augmentation spectaculaire des actes antimusulmans de 72% par rapport à la période en 2024 avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l’Intérieur.