Israël bombarde le sud du Liban après des tirs de roquettes

 Israël bombarde le sud du Liban après des tirs de roquettes

Nuage de fumée au-dessus de l’enceinte de Hanadi dans la ville de Gaza, contrôlée par le mouvement palestinien Hamas, à la suite d’une frappe aérienne israélienne le 11 mai 2021 (illustration). MOHAMMED ABED / AFP

Israël a attaqué Gaza et le Liban vendredi avant l’aube. Une réaction suite au tir de plusieurs dizaines de roquettes contre Israël la veille à partir de ces deux territoires. Un retour de la tension provoquée par le raid violent sans précédent de la police israélienne à l’intérieur de la mosquée d’Al Asque à Jérusalem.

L’armée israélienne a indiqué dans un court communiqué publié à 4h07 (3h07 à Paris) qu’elle « est actuellement en train de mener des frappes au Liban », sans plus de précision. De violentes explosions ont secoué au même moment la région de Tyr, dans le sud du Liban. Ces bombardements ne sont que le dernier épisode d’une brusque montée de tension au Proche-Orient depuis mercredi.

Des obus ont touché notamment des habitations du camp de réfugiés de Rachidiyé, proche de Tyr. À Gaza, les raids aériens israéliens avaient commencé avant minuit. La veille, jour de la Pâque juive, une trentaine de roquettes ont été tirées du Liban vers Israël. Elles ont blessé une personne et causé des dégâts matériels. Une attaque depuis le sol libanais sans équivalent depuis l’invasion israélienne de 2006.

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Ces tirs de roquette ont eu lieu en réaction à de l’irruption violente de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam. Tel-Aviv a tenté de justifier le raid en expliquant vouloir en déloger des Palestiniens qui s’y étaient barricadés.

 

Venger Al-Aqsa

L’armée israélienne a dit avoir la certitude que les tirs de roquettes du Liban, 34 selon son décompte, étaient « palestiniens », et probablement selon elle l’œuvre du Hamas ou du Jihad islamique. L’armée israélienne affirme qu’elle « n’autorisera pas l’organisation terroriste Hamas à opérer à partir du Liban et elle tient l’État libanais pour responsable de tout tir dirigé [vers Israël] à partir de son territoire. » Aucune victime n’est à déplorer immédiatement de part et d’autre à la suite des affrontements de la nuit.

En riposte, plusieurs missiles ont été tirés à partir de la bande de Gaza, apparemment interceptés par la défense antiaérienne israélienne. Le Hamas a réagi en accusant Israël d’être « responsable » de l’escalade et a appelé « toutes les factions palestiniennes à l’unité pour [l’]affronter ». « À chaque explosion répondra une explosion […] et toute attaque contre Al-Aqsa ou les fidèles [musulmans] trouvera une réponse », a renchéri le Jihad islamique.

 

Appels au calme de la communauté internationale

L’accès de violence à la frontière nord d’Israël a suscité condamnations et appels à la retenue, comme les violences de la veille dans la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est, annexée par Israël. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à « la plus grande retenue ». Paris a condamné des tirs « indiscriminés » sur Israël et appelé « au respect du statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem ». Moins nuancé, Washington a reconnu « le droit légitime d’Israël à se défendre contre toute forme d’agression ».

Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre après différents conflits. La ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du Liban pour veiller au maintien de la trêve.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a assuré que le Liban voulait préserver « le calme et la stabilité ». Il a appelé la communauté internationale à « faire pression sur Israël pour arrêter l’escalade ». Le Premier ministre libanais Najib Mikati a déclaré refuser « toute escalade à partir de son territoire ».

 

Soutien du Hezbollah aux actions palestiniennes

Plus tôt jeudi, le Hezbollah chiite, maître de fait du sud du Liban, avait proclamé son soutien à « toutes les mesures » que les groupes armés palestiniens pourraient prendre contre Israël en dénonçant « avec force l’assaut des forces d’occupation israéliennes » contre la mosquée Al-Aqsa.

En visite au Liban, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a déclaré que les Palestiniens ne resteraient « pas les bras croisés » face aux « agressions » d’Israël contre la mosquée Al-Aqsa.

« Si les sionistes pensent qu’ils peuvent souiller la mosquée Al-Aqsa, ils doivent comprendre (…) que cela pourra faire flamber la région tout entière », a prévenu Hachem Safieddine, un dirigeant du Hezbollah, cité par la chaîne du mouvement.

Rached Cherif