Affaire de racisme au Tribunal de Paris : un lanceur d’alerte témoigne

 Affaire de racisme au Tribunal de Paris : un lanceur d’alerte témoigne

Amar Benmohamed, brigadier-chef au sein de la police nationale, à Montreuil le 22 juillet 2020. YANN CASTANIER / HANS LUCAS / AFP

Un brigadier-chef harcelé car il dénonce le racisme au sein du Tribunal de Paris. C’est en substance le quoditien de Amar Benmohamed depuis 3 ans.

 

Chaque été, il dénonce le racisme et la maltraitance qui règne au sein du dépôt du Tribunal de grande instance de Paris, dans les cellules des retenus convoqués devant un juge.

Depuis 3 ans, rien ne bouge. Il a épuisé tous les recours en interne. Alors le brigadier-chef Amar Benmohamed a décidé de parler à la presse à visage découvert, et donc de devenir un lanceur d’alerte.

Son témoignage a été recueilli par le site d’informations StreetPress. Insultes, refus de soins, privations de nourriture ou d’eau, la liste des manquements est longue, il y aurait plus de mille victimes.

Et le brigadier-chef Amar Benmohamed a tenté à de nombreuses reprises de dénoncer ces faits un à un. A chaque fois, la hiérarchie a choisi de ne pas saisir la justice, mais plutôt l’IGPN, la police des polices.

Or l’IGPN ne procède qu’à des auditions, comme le rappelle le brigadier-chef Amar Benmohamed dans l’enquête publiée sur StreetPress, la police des polices ne procède pas à « des gardes à vues, des perquisitions ou une quelconque coercition ».

Les faits sont par ailleurs remontés jusqu’au bureau du Préfet de police de Paris, Didier Lallement. Depuis 2018, date des premiers signalements, aucune sanction n’a été prononcée, aucun représentant des forces de l’ordre sanctionné, aucun magistrat n’a été saisi.

Institution et corporatisme

Nombreux ont été celles et ceux qui ont tenté de dissuader ce responsable d’une unité au sein du Tribunal de grande instance de Paris, en le sommant de « penser collectif », de « penser à l’institution ».

Ce fameux corporatisme enseigné dès les premières années à l’école de police et qui paralyse autant l’institution en question. Et puisque le brigadier-chef Amar Benmohamed refuse de respecter ce sacrosaint corporatisme. Une note sera envoyée à l’IGPN par un haut gradé, signalant « son manque de loyauté et sa méfiance viscérale envers la hiérarchie du service dénotent un état d’esprit qu’il convient de dénoncer ».

Il fera aussi l’objet d’une enquête pour non-respect de la chaîne de commandement par l’unité de récompense et de discipline (URD). On le « mettra au placard » également, l’empêchant d’exercer le cœur de sa fonction (le transfert de détenus) ou on tentera de questionner son état de santé psychologique…

Tout ça, sans compter sur les réflexions et commentaires lâchés quotidiennement par certains de ses collègues, qui le prennent pour une « balance ». Arié Alimi, l’avocat du brigadier-chef, compte d’ailleurs déposer une plainte avec constitution de partie civile pour les faits de harcèlement à son encontre.

Chloé Juhel