Bouteflika réapparaît à la télévision

 Bouteflika réapparaît à la télévision

Le président Bouteflika à la télévision algérienne en compagnie du Premier ministre maltais


 


Alors que les rumeurs se font de plus en plus insistantes sur sa nouvelle hospitalisation, voire son décès, le président Bouteflika a réapparu jeudi 19 novembre à la télévision algérienne.


 


Le procédé est bien huilé et l’opinion publique algérienne en est habituée: le service de la Présidence de la république laisse enfler la rumeur sur l’état de santé du président Bouteflika avant de mettre en place une mise en scène idoine pour la démentir en le montrant à la télévision.


C’est le cas aussi cette fois-ci. Alors que la spéculation sur son « transfert au Val-de-Grâce ou à Grenoble » et son « décès en Suisse » font le buzz sur les réseaux sociaux, les services de la présidence décident, enfin, de réagir.


Mardi, la Présidence a assuré une large médiatisation aux félicitations de Bouteflika aux joueurs de l’équipe nationale de football après leur brillante qualification au deuxième tour des qualifications à la Coupe du monde de football, Russie 2018. Message : le président est bel et bien vivant, et suit tout, y compris les affaires des Verts.


Hier, les autorités enchaînent par l’image.Et cela via une audience accordée au Premier ministre maltais, Joseph Muscat, en visite officielle de deux jours en Algérie. « Le président Abdelaziz Bouteflika a reçu, aujourd’hui jeudi, le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, en visite officielle de deux jours en AlgérieL'audience s'est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et de trois autres membres du gouvernement (Ramtane Lamamra, Abdelkader Messahel, et Bouchouareb) », a rapporté l’agence APS.


L’évidence, la vidéo en off diffusée par la chaîne de télévision nationale a pour but  de faire taire la rumeur, amplifié par plusieurs facteurs dont notamment par le silence des autorités. Une attitude que dénonce toujours la classe politique. « Chaque jour, des rumeurs circulent sur la maladie du Président, son hospitalisation et même sa mort. Et le pouvoir ne réagit pas. Où est l’Etat ? Ce n’est pas normal. Ces rumeurs font presque partie d’une agitation soutenue par un pouvoir qui travaille dans l’opacité », a dénoncé le président Mouvement pour la société de la paix (MSP) Abderrazak Makri.


Souffrant toujours des séquelles de l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime en avril 2013, le président Bouteflika a réduit sensiblement ses activités. Depuis le début du quatrième mandat, ses activités sont limitées à des audiences accordées à des responsables étrangers et algériens et à la présidence de rares Conseils des ministres.


Ces derniers temps même cette activité très réduite n’est pas assurée. C’est ce qui a justifié la démarche des personnalités nationales, dont certaines sont très proches du chef de l’Etat, qui lui ont demandé audience. Ces derniers doutent de la paternité de certaines décisions, surtout économiques, et veulent vérifier avec le concerné s’il est bien informé de leurs contenus et de la gravité de la situation du pays.


Mais vingt-jours après l’envoi de cette missive, les auteurs de cette démarche n’ont reçu aucune réponse officielle. Cela ne fait que renforcer, chez eux, la conviction que le président de la république « est pris en otage », voire, « assigné à résidence » comme l’affirmait Lakhdar Bouregaa, un des initiateurs de cette démarche.


 


Yacine Ouchikh

Yacine Ouchikh