Guerre des prix du pétrole : situation critique pour l’Algérie

 Guerre des prix du pétrole : situation critique pour l’Algérie


L’effondrement des cours du pétrole rend la situation « critique » pour l’Algérie en raison de sa dépendance à la rente pétrolière. Le gaz et le pétrole représentent la quasi-totalité des exportations algériennes et 60 % des recettes fiscales de l’État. Le pays est donc touché de plein fouet par la guerre des prix qui se jouent entre la Russie et l’Arabie saoudite.


La chute des prix de l’or noir « aura un impact très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins », explique le professeur Mourad Preure, un spécialiste algérien des hydrocarbures et ancien dirigeant du groupe public pétrolier Sonatrach. Selon l’évolution des prix durant l’année 2020, les recettes des exportations d’hydrocarbures pourraient chuter jusqu’à 20 milliards de dollars, contre 34 milliards de dollars si les prix étaient restés stables. Dans tous les cas, la situation est critique, d’après l’expert.


Il prône d’ailleurs une accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires. Or, au sortir d’une année de contestation massive et après des élections largement contestées, le pouvoir algérien semble peu capable de se lancer dans une stratégie ambitieuse de diversification et l’économie.


Le temps paraît cependant compté pour l’Algérie, qui doit subir les conséquences d’une guerre des prix du pétrole déclenchée par l’Arabie saoudite début mars, à l’issue de l’échec d’un sommet de l’OPEP. Le royaume saoudien est l’un des principaux régulateurs des prix mondiaux en raison des importantes capacités supplémentaires d’exportation et d’un coût de production parmi les plus bas au monde.


 


Budget établi sur la base d’un pétrole à 60 dollars


Si le ralentissement de la demande mondiale provoqué par l’épidémie de Covid-19 avait déjà fragilisé les cours mondiaux, c’est bien l’annonce par l’Arabie saoudite d’un important rabais sur son pétrole qui a fait chuter le prix du baril de 30 %, qui cotait lundi 9 mars à environ 30 dollars.


Riyad répond ainsi au refus russe de baisser la production mondiale afin de maintenir les prix à un niveau acceptable. La compagnie d’État Saudi Aramco « continue à engranger des bénéfices même avec un baril à 30 dollars », souligne Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat et spécialiste des questions énergétiques russes à l’Institut français des relations internationales.


Victime collatérale, l’Algérie se retrouve dans une situation critique. Le pays a en effet établi son budget 2020 sur un prix référence de 60 dollars. Avant même l’offensive saoudienne, le ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab avait lancé un appel aux membres de l’OPEP. « Au regard de la situation du marché pétrolier qui est extrêmement grave, l’Algérie appelle à une action concrète, crédible, solidaire et rapide afin de ne pas anéantir l’ensemble des efforts consentis depuis 2016 », a-t-il plaidé. En vain.

Rached Cherif